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Un jardin de formation

Tel que l’a voulu La Quintinie, le Potager du Roi est un jardin d’instruction depuis sa création.

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Au XVIIe siècle

Dans son ouvrage paru à titre posthume en 1690, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, La Quintinie propose au lecteur une gravure pour introduire l’épître au Roi. Au premier plan de cette gravure on distingue un groupe de personnes ; en son centre, un personnage présente un plateau de fruits à un autre personnage, le seul coiffé d’un chapeau, lequel porte justement un fruit à sa bouche : La Quintinie offre des figues à Louis XIV. Le Roi n’est pas une personne mais l’incarnation de la France. Le livre, en tant qu’objet, témoigne de l’extension du partage, au-delà de
la cour, vers la France entière. Le titre de l’ouvrage est explicite et il semble évident qu’il s’applique non seulement au livre mais aussi au jardin principal de son auteur.

Dès sa conception, au-delà du simple fait d’impressionner les visiteurs par sa beauté et les convives par la saveur ou le caractère insolite de ses produits, le Potager du Roi a pour fonction d’instruire, de porter à la connaissance ses méthodes et ses résultats.

Aux XVIIIe et XIXe siècles

Les Républiques françaises successives font du site une école :

  • 1794-1804 : École centrale de Seine-et-Oise
  • 1848-1852 : jardin d'expérimentation du premier Institut national agronomique
  • 1874 : création de l’École nationale d’horticulture, dont l’École nationale supérieure de paysage, à travers la chaire d’art des jardins et des serres, puis la section du paysage, est directement l’héritière en 1976.

À partir de la Révolution s’opère donc un renversement de modèle : on passe d’un jardin pour l’instruction à un lieu d’instruction qui s’appuie sur un jardin. L’école prend la responsabilité du jardin. Ce mouvement accompagne la création du ministère en charge de l’agriculture, qui est et reste, depuis l’origine, un ministère structuré par la mission d’enseignement.

À partir du XXe siècle

Les liens entre le jardin et l’instruction se manifestent physiquement dans le développement des bâtiments : réhaussement de La Figuerie par Marcel Lambert, architecte en chef des palais de Versailles et Trianon (1901),  construction du bâtiment Saint-Louis (1926), construction du bâtiment des Suisses par l’architecte des bâtiments civils et palais nationaux Armand Gueritte (1933), construction des bâtiments Le Normand et Le Nôtre par Pierre Lablaude, architecte des bâtiments civils et des palais nationaux (1952-1954).

Le jardin devient un lieu d’instruction, à la fois pratique (les étudiants participant aux travaux d’entretien) et démonstratif : des collections à but didactique sont installées. C’est le cas des collections de plantes ornementales sous serres (dont le Jardin d’hiver) et d’un certain nombre de collections en plein air : Arboretum (détruit par la tempête de 1999) et Fruticetum (collection d’arbustes d’ornements).

À partir de l’enseignement de Michel Corajoud à l’école du paysage, dès les années 1970, le rapport au socle, aux proportions, au vivant, qui tiennent une place fondamentale dans la pratique paysagiste, s’appréhendent par la fréquentation assidue de ce site.

Le Potager du Roi est un site totalement construit sur des remblais ; c’est un résumé d’agriculture urbaine et de trame verte en cœur urbain – thèmes essentiels dans les démarches des paysagistes concepteurs. Il est donc un lieu d’enseignement du paysage essentiel.

Il connait un rayonnement international dans le milieu paysagiste, au point qu’aujourd’hui, par exemple, le logo de la fédération mondiale des architectes paysagistes en reprend la trame centrale.

Cette identité paysagère et paysagiste du site, qui s’appuie sur une réalité physique (les terrasses de Mansart, le dessin de La Quintinie, lequel s’insère dans le projet du Grand Parc de Le Nôtre), est une dimension essentielle de la valeur immatérielle du bien.