Biographie
“Faire alliance avec le vivant”
Il aura fallu bien des détours pour arriver jusqu’au Jardin.
Après des études d’art et une première vie professionnelle dans la création pour le luxe et la mode, Carole Lecaillon a emprunté un nouveau chemin en se formant à l'École nationale supérieure de paysage pour devenir conceptrice de jardins.
De sa formation initiale, elle a gardé le sens de la démarche de projet et de l’approche par le faire.
Sa pratique a permis de construire la conviction qu’un jardin réussi est la rencontre entre un espace et ceux qui l’habitent et le traversent, et qu’ils doivent s’allier pour le bénéfice de tous : plantes, animaux et humains, sans oublier l’harmonie et le plaisir.
Un chemin parallèle s’est présenté, celui de l’enseignement en Design et métiers d’art.
Ces deux voies n’en sont qu’une, qui s’enrichit de toutes ces expériences pour mieux transmettre, parce que jardiner, c’est apprendre.
Entretien
Propos recueillis par Zoé Bouvet
Pouvez vous présenter brièvement votre parcours ?
Je suis Carole Lecaillon, j'ai une formation initiale de designer que j'ai réalisée à l'école Boulle et ensuite à l'École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d' Art (ENSAAMA Olivier de Serres). C'est à l'occasion de cette dernière formation durant laquelle j'ai travaillé la céramique que je me suis interessée au paysage car la qualité d'une terre est liée à la géologie et à la nature des sols.
Après avoir travaillé durant 10 ans pour des maisons de luxe et de mode (cristallerie Lalique, puis maison de couture Jeanne Lanvin), j'ai entrepris une reconversion en suivant la formation continue Conception et création de jardin dans le paysage (CCJPConception et création de jardin dans le paysage) à l'École nationale supérieure de paysage de 2005 à 2007. J'ai ensuite exercé comme conceptrice de jardin en libéral, puis j'ai commencé à enseigner la démarche de projet en design et métiers d'art en lycée et post bac.
Je suis aujourd'hui enseignante certifiée et je partage mon temps entre ces différentes activités qui se nourrissent et se complètent l'une l'autre.
Depuis combien de temps enseignez-vous à l'École nationale supérieure de paysage ?
Je suis formatrice à l'École nationale supérieure de paysage depuis 5 ans. Je suis très attachée à ce lieu et à son histoire, notamment parce qu'il est un lieu de recherche et d'expérimentation autour des questions liées aux jardins et à la nature, et que c'est un bouillonnement entre les étudiants, les jardiniers, les adultes qui viennent s'y former, qui crée une émulation stimulante. C'est aussi le lieu où j'ai découvert ma vocation de conceptrice de jardin et d'enseignante.
Pouvez-vous présenter la ou les formation(s) courte(s) enseignée(s) ?
Je suis en charge de deux formations : Théorie et pratique du jardin d'agrément (niveaux 1 et 2) et Restructurer un jardin.
S'agissant du niveau 1 de Théorie et pratique du jardin d'agrément, l'idée est de voir le cycle d'un jardin sur une longue période. Nous abordons la préparation du sol, la question des circulations au jardin, les différents types de végétaux d'ornement, leur plantation et leur entretien, les dynamiques végétales et les usages des espaces du jardin.
Le niveau 2 permet une application plus concrète des points abordés et se tient dans le parc Balbi. Il permet de travailler la création d'un espace d'agrément en tenant compte des contraintes des lieux : réflexion sur l'aménagement de l'espace, taille des arbustes, choix des végétaux, plan de plantation, plantation et entretien.
Restructurer un jardin propose d'aborder les questions liées à la réhabilitation d'un jardin par l'étude d'un cas concret: un jardin est mis à notre disposition par des propriétaires volontaires, généralement autour de Versailles. C'est une démarche de projet simplifiée qui aborde les différentes étapes clés pour (re) penser un jardin, du diagnostic à l'esquisse/avant projet. Cette étude se fait en équipes et nécessite un peu de travail personnel en dehors des séances.
Quel public recevez-vous et dans quel(s) but(s) ces personnes suivent ces cours ?
Elles s'adressent toutes les deux à un public d'amateurs et de personnes désireuses de découvrir les gestes et bonnes pratiques au jardin d'agrément. Elles concernent aussi des publics professionnels qui souhaitent compléter leurs connaissances et/ou se reconvertir, et éventuellement aux stagiaires de Conception et création de jardin dans le paysage.
Ces formations permettent d'aborder les questions de conception et de création de jardin d'agrément de manière plus concentrée que la formation continue CCJPConception et création de jardin dans le paysage. Plusieurs anciens stagiaires ont suivi les deux formations car elles se complètent, et pour quelques uns, elles ont été un préambule avant de suivre CCJPConception et création de jardin dans le paysage ou imaginer une reconversion (concours de jardinier de la ville de Paris).
À votre avis, qu’est-ce qui fait la force de votre formation ?
Ce qui fait la force et l'intérêt de ces formations c'est avant tout une approche pratique et concrète : on apprend au travers d'ateliers et d'observations sur le terrain, qui s'appuient sur des apports théoriques expliqués en amont ou en aval de la pratique.
La pratique collective du jardinage et du projet crée une forte cohésion entre les stagiaires, qui soumettent leurs difficultés et questionnements auxquels nous répondons en séance, et leur permet de tester les solutions sur place mais aussi chez eux. L'échange, l'émulation et le partage d'expériences enrichissent les apprentissages et sont au cœur de ma pédagogie.