Le Potager du Roi
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Un jardin-école
En lien avec cette mission de production, d'expérimentation et de transmission, le Potager du Roi accueille, dès la fin du 18e siècle, plusieurs établissements pédagogiques consacrés aux sciences agricoles, horticoles et au projet du paysage et des jardins. En 1874, le Potager devient notamment le jardin d’expérimentation et d’étude de l’École nationale d’horticulture, premier établissement français pour la formation d’horticulteurs et de paysagistes, devenue École nationale supérieure d'horticulture en 1961.
Suite au départ à Angers de l’École nationale supérieure d'horticulture, dans un nouveau pôle scientifique autour duquel se développe désormais la recherche et la production horticole, la gestion du Potager du Roi est confiée en 1995 à l’École nationale supérieure de paysage, créée en 1976 à partir de la section du "Paysage et de l’art des jardins" de l’École nationale d’horticulture.
Avec l’École nationale supérieure de paysage, le Potager du Roi est ouvert pour la première fois aux visiteurs, qui découvrent une composante majeure du domaine de Versailles, ainsi qu'aux événements culturels et à la création in situ. Le Potager du Roi n'en demeure pas moins un lieu d'apprentissage pour les futurs paysagistes concepteurs formés au sein de l'établissement, les stagiaires en formation continue, ainsi que pour les élèves de l'enseignement technique venant d'établissements partenaires, les professionnels ou encore le grand public.
Au début du 21e siècle, la conversion à l’agroécologie du Potager du Roi est engagée par l'École nationale supérieure de paysage. Face au vieillissement du patrimoine arboré, la replantation des arbres est menée avec une évolution des pratiques culturales et l’expérimentation de nouvelles associations végétales. Ceci dans un profond respect des structures historiques qui font l’objet, par tranches successives, d’une restauration complète, inédite depuis plus de 100 ans.
Gouvernance
L’École nationale supérieure de paysage a pour mission d’assurer la conservation, la gestion et la valorisation du Potager du Roi. L’exercice de cette mission s’effectue en cohérence et en étroite synergie avec les autres missions d’enseignement, de recherche et de création, portées par l’établissement.
L’École nationale supérieure de paysage assure cette mission en tant qu’établissement d’enseignement supérieur rattaché au ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Le ministère est impliqué dans le devenir de nombreux sites historiques à forte dimension patrimoniale, à travers ses établissements de formation qui en assurent la gestion (par exemple, la Bergerie nationale de Rambouillet, l’École vétérinaire sur le site de Maison Alfort, le château et le parc de Grignon d’AgroParisTech).
Le Potager du Roi tient une place particulière dans cet inventaire pour sa qualité et sa valeur patrimoniale.
L’École nationale supérieure de paysage est ainsi l’un des acteurs qui participe à la préservation plus globale du site patrimonial de Versailles. Le site du Potager, monument historique depuis 1926, se situe en effet au sein du secteur sauvegardé de Versailles et s’inscrit dans le périmètre du bien classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle a, à ce titre, des relations privilégiées avec la ville, membre de son Conseil d’administration, et avec le château de Versailles. L’École nationale supérieure de paysage reste néanmoins indépendante financièrement de ces deux entités pour la conduite de ses missions de conservation, de gestion et de valorisation.
Reflet d’un idéal alimentaire
Des cultures sur couches au développement des primeurs, de l’acclimatation de nouvelles espèces aux expérimentations des traitements de synthèse, de la permaculture au paysage, l’histoire du Potager du Roi abonde d’illustrations témoignant de l'évolution des modes de production et de consommation alimentaires de l’époque moderne à nos jours et, plus généralement, de l’évolution de notre rapport au manger !
Nourrir et innover
Le Potager du Roi est un jardin de production intensif dès l’origine. Sur le plan des itinéraires agronomiques, Jean-Baptiste de La Quintinie ne fait pas de rotations culturales. L’épuisement des terres est compensé par des apports massifs de l’extérieur, fumiers d’abord, mais terres végétales également. Aujourd’hui, avec la culture de légumes, de plantes aromatiques vivaces, de plantes herbacées et de près de 4 000 arbres fruitiers (140 variétés de poires, 160 variétés de pommes, mais aussi des pêchers, figuiers, abricotiers, pruniers, …), la mission confiée à La Quintinie, « nourrir et innover », est plus que jamais d’actualité pour l’équipe des 9 jardiniers du site. L’évolution des itinéraires techniques, engagée depuis plusieurs années avec la mise en place de pratiques agroécologiques (agriculture sur sol vivant, agroforesterie) et la réactivation de pratiques maraichères datant du début du 19e siècle, vise à donner un temps d’avance au Potager du Roi en termes de gestion durable et de transmission.