Christine Dufour est jardinière au Potager du Roi depuis bientôt trente ans. Propos recueillis par Antoine Jacobsohn, avril 2021.

Pourquoi es-tu devenue jardinière ?

Je suis tombée dedans quand j'étais petite. Mon père avait beaucoup de terrains et il jardinait tout le temps. Je devais avoir 8 ans quand il m'a confié un petit carré de son jardin, probablement pour que je l'embête moins. J'ai très vite débordé sur le restant du jardin ; à cette époque, j'aimais déjà le contact avec la terre.

Quel est ton premier souvenir du Potager du Roi ?

La première fois que j'ai entendu parler du Potager du Roi, je faisais mon Brevet d'études professionnelles (BEP) au Lycée agricole de Dardilly, à côté de Lyon ou peut-être même que je passais mon Brevet de technicien agricole - défense des cultures (BTA nouvellement nommé Bac professionnel) au Lycée agricole de Tours, je ne sais plus exactement. Le Potager du Roi était cité comme site de l'École nationale supérieure d'horticulture et pris comme modèle de potager.

Comment es-tu arrivée au Potager ?

La première fois que je suis venue sur le site, c'était en 1992, lors du passage par mon mari du concours d'entrée à l'École nationale supérieure de paysage. Pendant qu'il passait le concours, moi je me suis promenée dans le jardin pendant plus de trois heures. J'ai exploré toutes les allées et tous les carrés maraîchers et quand je suis arrivée au jardin 1er des Onze, tout au fond du jardin, j'ai rencontré un jardinier. Il m'a dit que le jardin n'était pas ouvert et il m'a reconduite à la sortie, probablement pour être certain que je parte. C'était François Moulin. Par la suite, mon mari a été reçu au concours et nous sommes venus ensemble de la région de Lyon en région parisienne. Pendant qu'il faisait ses études, moi j'ai trouvé un travail en tant qu'enseignante dans une classe de Section d'enseignement général et professionnel adapté (SEGPA) à Montfermeil avant de travailler en tant que saisonnière au Potager durant les étés 93 et 94. En mars 1995, j'ai commencé un contrat à temps plein comme responsable des cultures légumières et depuis je n'ai pas quitté le jardin.

As-tu un endroit préféré sur le site ?

Non, mais j'aime passer de la ville bruyante à la sérénité du jardin. J'ai un moment préféré, le matin, lorsqu'il y a de la brume et que le jardin est calme. À ce moment-là, je ne suis pas encore dans l'action et je profite vraiment du Potager ; il y a quelque chose de magique.

Pour moi, cultiver n'est pas une séquence de gestes, donc je n'ai pas de geste préféré. Par contre, il y a des plantes dont je préfère m'occuper, par exemple les aubergines.

En tant que jardinière, quel geste préfères-tu réaliser : semer, arroser, biner, récolter ?

Pour moi, cultiver n'est pas une séquence de gestes, donc je n'ai pas de geste préféré. Par contre, il y a des plantes dont je préfère m'occuper, par exemple les aubergines. Ce fut une grande découverte, alors même que d'un point de vue gustatif, ce n'était pas un légume qui me plaisait. En 2012, nous avons réalisé une exposition intitulée Légumes de génie à l'occasion de la célébration des 20 ans du Sommet de la Terre qui s'était déroulé à Rio et une grande partie de cette exposition était vouée à une collection d'aubergines. De cette toute petite graine à ces gros fruits sombres, rayés ou blancs, qui se forment en seulement 6 mois... je continue d'être fascinée et d'aimer les cultiver.

Tu aimes cultiver les plantes mais tu aimes aussi prendre soins des personnes. En effet, tu es à l'initiative d'une collaboration avec l'Institut médico-éducatif longue de vingt ans.

Les stagiaires, les bénévoles, les collègues ... je ne me vois pas jardiner seule. Le travail manuel que j'exerce aide les plantes à pousser mais c'est aussi la transmission des savoir-faire et l'émotion procuré par le bien-être dans le jardin qui me plaisent.

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