Projets chantier du siècle : Les murs à palisser du Potager du Roi

La restauration d'un élément architectural structurant du jardin

Situé du côté est du Potager du Roi, entre les jardins Du Breuil et Legendre, à proximité immédiate du quartier Saint-Louis de Versailles, le mur M15 s’est effondré sur un pan entier en avril 2015. En commençant par sa restauration, l’objectif a été d’en faire un objet d’étude et un exemple pour la suite des travaux sur les murs dans le jardin.

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Introduction

Plus que dans beaucoup d’autres jardins, les murs constituent l’élément architecturé le plus structurant du Potager du Roi, site historique de l’École nationale supérieure de paysage : ils représentent 4.9 km de linéaires en façade sur un espace de 9 hectares. La quasi-totalité de ces murs a été ou est encore un élément technique pour la production de fruits par des arbres formés en espaliers.

Selon le diagnostic conduit par l’Architecte en chef des Monuments historiques, 15% du linéaire des murs présentent un état très préoccupant. Sur les 729 mètres inventoriés dans cette classe, 253 mètres – soit plus d’un tiers - concernent des portions de murs déjà effondrées ou partiellement effondrées. À l’inverse, seuls 7% des murs présentent un état satisfaisant, ne nécessitant aucuns travaux. Il s’agit en général de murs restaurés par l’école depuis moins de 20 ans. Il faut noter que certains murs restaurés récemment nécessitent toutefois des reprises importantes, notamment au niveau des enduits.

Au Potager du Roi, l’état préoccupant de conservation des murs rejoint la question de la nécessaire (re)plantation des arbres fruitiers. Il n’est en effet pas possible de planifier le rajeunissement du patrimoine arboré du site avant d’avoir mené à bien la restauration des murs qui leur servent de support. Or, selon les formes choisies, un espalier peut nécessiter entre 8 et 30 ans pour arriver à maturité. L’arbre sera cultivé au même endroit pour une durée variant de 60 à 70 ans pour les pommiers et encore plus longue pour les poiriers. Une fois que les arbres sont en place, il est difficile, voire impossible, de réaliser des travaux sur le mur autres que de menues réparations d’entretien aux couronnements et faitières. L’urgence concerne dès lors la mise en œuvre sur l’ensemble du site d’un programme régulier de restauration des murs qui soit couplé avec la replantation des arbres fruitiers dans des conditions favorisant leur longévité, c’est-à-dire en lien avec le nouveau contexte climatique et les ressources disponibles.

Dans ce cadre, l'École nationale supérieure de paysage remercie chaleureusement le World Monuments Fund d’avoir rendu possible le chantier de restauration du mur M15 conduit entre novembre 2019 et janvier 2021.

Cette première étape a permis de sensibiliser un large public aux enjeux de restauration des murs et d’initier des travaux sur d’autres larges ensembles avec le soutien de l'État, via le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, et de la Région Ile-de-France, dans le cadre du Contrat Plan État-Région :

  • le mur M19A, situé entre le 5e des Onze et le jardin Duhamel du Monceau ;
  • les deux pans de murs qui bordent le côté sud du Grand Carré et séparent la Terrasse Sud de la Terrasse Nord (dits aussi M17B et C) ;
  • un court tronçon très endommagé qui sépare les jardins 1er des Onze du 2e des Onze (dit M2C) ;
  • les quatre pans qui bordent le côté nord du Grand Carré (dits aussi M11B, C, D et E) et constituent le mur qui sépare la Terrasse La Quintinie, au sud, des jardins de la Melonnière et de la Figuerie, au nord.

État des murs

Du 17e au 19e siècles, les murs du Potager du Roi ont été montés au mortier de chaux. Le haut des murs et les scellements des faîtières étaient généralement réalisés au mortier de plâtre. Au 20e siècle, certains murs, voûtes et faîtières ont pu être montés ou réparés avec du mortier de ciment. Au 17e siècle, les enduits ont été réalisés au plâtre. Au 18e siècle, un grand nombre ont été réalisés à la chaux. Au 19e siècle, il y a eu un retour au plâtre et, au 20e siècle, mêmes les enduits ont été réalisés au ciment. L’introduction du ciment, un liant imperméable à l’air et à l’eau, empêche la structure du mur de respirer et son emploi sur le site a provoqué de nombreux dégâts. Les réparations et enduits au ciment sont aujourd’hui des points de fragilité à surveiller. La compréhension et la connaissance des techniques et des matériaux employés sont ainsi au cœur des enjeux de restauration.

Un certain nombre d'enduits centenaires du Potager du Roi tiennent relativement bien. L'âge de ces enduits est estimé :

  • par rapport à la présence de trous carrés indiquant une pratique de palissage à la loque correspondant à des photos datant des alentours de 1900 ;
  • par l’absence de mentions dans les sources d’archives de travaux majeurs sur les murs depuis le début de la 3e  République ;
  • par rapport à l'âge des arbres encore cultivés sur les murs.

Par contre, la quasi-totalité des murs dont les enduits ont été restaurés entre 2000 et 2007 présentent des désordres très conséquents : cloques, érosions, fissures, lacunes.  Dans leur cas, du « MPC », ou mortier plâtre-chaux, a principalement été utilisé y compris pour les enduits, avec des pétards de chaux, des miettes de charbon et de la brique pilée. Les pétards de chaux sont utilisés principalement pour donner une texture moins lisse. La présence de charbon de bois est un artefact de la fabrication du plâtre et de la chaux, car ce sont des matériaux qui traditionnellement proviennent de fours fonctionnant au bois. Il est possible que cette présence a un effet assainissant par rapport aux algues, lichens ou mousses. La brique pilée semble avoir été choisie pour sa couleur et peut-être pour sa capacité d'absorber de la chaleur. De 2000 et jusqu'en 2007, les enduits ont été teintés dans la masse, ocre avec une tendance vers l'orange.

Un certain nombre d’hypothèses peuvent expliquer la rapidité dans l’apparition de désordres sur les murs récemment restaurés :

  • défauts de fabrication ou évolution des matériaux (y compris effets de pollution) ;
  • défauts de la malaxation (trop court ou trop long) ;
  • défauts d'application (par temps trop humide et/ou trop froid) ;
  • défauts des joints de la couverture ou faîtière ;
  • côtoiement de matériaux de types différents (différences dans les propriétés hydrauliques notamment : ciment, chaux hydraulique ou aérienne, plâtre, résine, ...) ;
  • le fait de restaurer un seul côté d'un mur et non les deux ;
  • l'absence ponctuelle de barbacanes, etc.

Il est possible que pour chaque mur une combinaison de plusieurs facteurs ait joué. Les deux principaux éléments récurrents sont les défauts de joints de la couverture en tuiles (absence de réparations) et le côtoiement de matériaux de type différent. Au milieu du 20e siècle, de nombreuses réparations et enduits ont en effet été réalisés avec du ciment. Ce liant, imperméable à l'air et à l'eau, empêche la structure du mur de respirer. Les réparations faites au ciment deviennent ainsi aujourd'hui des points de fragilité à surveiller.

Dans le cas du M15, certaines tuiles de la couverture étaient en mauvais état et pouvaient laisser l’eau s’infiltrer dans le mur par le haut. Toutefois, ce n’était pas particulièrement le cas pour la partie qui s’est effondrée. Il semblerait que la différence d'enduits entre les deux faces du mur, ciment d'un côté / plâtre et chaux de l'autre, soit la principale cause de l’effondrement partiel. Cette différence a en effet généré une modification des mortiers à l’intérieur du mur. Une hernie cachée s’est développée,  devenue progressivement un décollement plus général et, enfin, un « ventre » bien visible de l’extérieur. En avril 2015, quand les premières pierres sont tombées, ce n’était que sur quelques mètres du côté nord. Le mur était visuellement complet. Toutefois, au moment de sécuriser l’espace, le démontage du mur sur plus de 15 mètres a été rendu nécessaire avant de retrouver une certaine solidité. D’autres hernies ou « ventres » étaient observables pour la partie située plus à l’est.

Face à cette situation, l’enjeu est pouvoir initier une démarche qui aboutisse à des réalisations durables et respectueuses de l'histoire du site. C’est dans ce contexte qu’en 2015 a été commandé par l'École nationale supérieure de paysage à l’Architecte en chef des Monuments historiques un programme d'interventions sur les ouvrages maçonnés et les réseaux, qui a été livré au début de l'année 2017.

Mener l’enquête

Les recherches historiques

Au début du 21e siècle, les recherches et les essais portant sur les enduits des murs du Potager du Roi s'étaient concentrés sur l'utilisation de différents mélanges à base de chaux. Il s'agissait de respecter l'histoire à travers des matériaux présents et utilisés sur le site aux 17e et 18e siècles avec, en principe, une durée dans le temps supérieure au plâtre. Revenons rapidement sur cette question.

Jean-Baptiste de La Quintinie, concepteur et premier jardinier du Potager du Roi, préconise clairement l'utilisation du plâtre comme enduit : « on ne saurait avoir trop de précaution pour faire bien crépir les murailles, ou pour les faire enduire de plâtre, quand on en a la facilité telle, qu'elle est aux environs de Paris ; car enfin il faut empêcher qu'il ne reste nulle part de ces petits trous où se nichent les rats, les mulots, les laires, les colimaçons, les perce-oreilles, & les autres insectes qui désolent les fruits... » (Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, tome 2, p. 264).

Les comptes des bâtiments du Roi sous le règne de Louis XIV indiquent surtout une utilisation de plâtre dans le cadre de moulages (de statues et de corniches) ou de réparations de cheminées ou de planchers, mais aussi des mentions qui concernent des murs.

Parmi les documents conservés aux Archives nationales de la Maison du Roi pour l'Ancien régime et ceux des administrations de l'État depuis la Révolution, il est possible de noter des changements de pratiques concernant les murs.

Si, tout au long de l'histoire du site, c'est un mortier de chaux et de sable qui est utilisé pour monter les murs, les crépis ou enduits ne sont pas toujours identiques. À la fin du 17e siècle et dans le courant du 18e siècle, ce sont des enduits de plâtre, avec, à ce stade des recherches, une exception : dans un extrait de la dépense en 1714, il est noté « Crépir en chaux le mur de tous les couchants des jardins biais ou les crépis de plâtre est tombé » (AN / O 1 / 1840 / liasse 3). En 1772, l'inspecteur-architecte Trouard note que « la plus grande part des murs du Potager sont dans le plus méchant état, les chaperons étant presque tous tombés, et les crépis n'existant plus, ce qui occasionne un dégât affreux ... » (AN / O 1 1072 / p. 396).

Et, en 1785, quand finalement des grands travaux sont en cours de réalisation, il est noté : « on se dispose à crépir les murs avec du sable de rivière et de la chaux vive pour éviter de recommencer souvent ».

En 1786, les sources insistent : « Tous les murs reconstruits les années dernières ont été crépis avec sable de rivière et chaux vive » (AN/ O 1 / 1838/1 p. 138).

Par contre, à la fin du 19e siècle, les réparations et les restaurations sont de nouveau réalisées au plâtre (voir, par exemple, en 1888, AN / F 21 / 2427).

Au 20e siècle, probablement à partir de la période de l'entre-deux guerres et jusque dans les années 1970-1980, les enduits ont été réalisés au ciment ainsi que les réparations ponctuelles des murs et des passages parfois avec du béton armé.

En 2020, un mur sur quatre du Potager du Roi (hors bâtiments) est recouvert tout au moins partiellement d'un enduit ciment.

La consultations d’experts

Pour le maître d'ouvrage qu'est l'École nationale supérieure de paysage et pour le maître d'œuvre qu'est l'Architecte en chef des Monuments historiques, il est primordial de confronter ces éléments avec des expertises extérieures.

En juin 2019, à l’occasion de l’événement Watch Days - Révisez votre potager, l’École nationale supérieure de paysage a ainsi invité :

  • Jean Ducasse-Lapeyrusse, ingénieur recherche, Cercle des partenaires du patrimoine et Laboratoire de recherche des monuments historiques ;
  • Vincent Farion, responsable du Musée du plâtre, Cormeilles en Parisis (95) ;
  • Annick Heitzmann, chargée de recherche en archéologie, Direction du patrimoine et des jardins, château de Versailles (78) ;
  • Ivan Lafarge, archéologue - Conseil départemental de Seine Saint Denis (93), chercheur associé à l’équipe d’histoire des techniques IHMC-UMR 8066, enseignant ;
  • Frédéric Sichet, Agence Patrimoine & paysages, spécialiste de la restauration des jardins historiques ;
  • Véronique Vergès-Belmin, ingénieure de recherche, Laboratoire de recherche des monuments historiques ;
  • Frédéric Charpentier, Ateliers ACOM Architectures, associé à l’entreprise Vieujot, fabricant de plâtre dans une plâtrière datant du 18e siècle ;
  • Georges Barthe, conservateur-restaurateur du patrimoine, président du GRPA (Groupement de recherche sur le plâtre dans l’art).

Ces personnalités présentent une expertise professionnelle sur des murs comparables à ceux du Potager du Roi. Deux visites, réalisées en présence du public, ont donné lieu à un ensemble de discussions (voir Annexe), qu’il est possible de résumer de la façon suivante :

  1. Les murs du Potager du Roi sont de trois types : mur de clôture, mur de soutènement et mur à palisser (dit aussi à mûrissement). Ils peuvent jouer plusieurs fonctions à la fois auquel cas les caractéristiques techniques peuvent rentrer en contradiction. Les murs des bâtiments sont encore d'un autre type.
  2. Un mur à palisser est un objet technique horticole qui sert à la culture d'arbres fruitiers pour la production de fruits. Sa technique de construction le distingue des murs de clôture et de soutènement. Une partie de son efficacité dépend de l'utilisation d'un enduit qui « respire », qui permet des échanges relativement rapides avec son environnement. Ce statut d'objet technique est acquis au 18e siècle et donc après la construction du Potager du Roi (à partir de 1678).
  3. Des mortiers du 18e siècle sont présents et il est possible que des enduits de la même période aussi. Il est surtout possible d'observer les enduits de plâtre du 19e siècle, les enduits de ciment du 20e siècle et les enduits plâtre-chaux du 21e siècle.
  4. Le fait de teinter l'enduit dans la masse et d'y ajouter de la brique pilée n'est présent que dans les restaurations du 21e siècle.
  5. Les dernières restaurations cherchent à donner l'aspect visuel d'un enduit de plâtre malgré l'utilisation de chaux, en particulier à travers la présence de « pétards » de chaux et des éclats de charbon de bois
  6. Les experts divergent sur certains points. Certains défendent l'idée qu'avec très peu d'entretien un enduit extérieur de plâtre peut tenir aussi longtemps qu'un enduit de sable-chaux. D'autres en sont moins convaincus. Tous s’accordent sur le fait qu'un enduit à base de chaux aérienne peut « respirer » mais moins qu'un enduit à base de plâtre et, surtout, que les enduits à base d'un liant hydraulique (chaux hydraulique ou ciment) ne le peuvent pas.
  7. L'observation des arbres fruitiers palissés du Potager du Roi témoigne que si cette capacité de « respirer » est une caractéristique notable des murs à palisser, elle n'est pas d'une nécessité absolue pour la bonne conduite des arbres. Il est possible de cultiver de beaux sujets sur des murs avec des enduits en ciment.

Les études scientifiques

Deux études techniques des enduits ont été réalisées au Potager du Roi.

La première a été réalisée en 2013 et 2014 dans le cadre d'un partenariat avec Gérald Mc Nichols-Tétreault, architecte québécois, responsable de la restauration du Séminaire de Saint-Sulpice à Montréal et de son jardin fruitier, créé dans les années 1680. Cette étude a été réalisée sur neuf échantillons à partir d'observations visuelles sous microscope et par tomographie (avec un tomodensitomètre Siemens). Cette approche évalue la qualité d'un enduit ou mortier par rapport à son homogénéité, son caractère lié ou liant et permet d'identifier des composants.

Les deux échantillons d’enduits prélevés sur des murs, qui n’ont pas été restaurés récemment et supposés être au moins centenaires (selon la présence des trous carrés mentionnés ci-dessus ou par la présence d’une étiquette en plomb), présentent une homogénéité et un liant jugé supérieur à deux échantillons prélevés sur un mur restauré en 2006-2007. Les deux échantillons « anciens » sont les deux qui présentent le taux le plus bas d’aragonite, un indicateur de la présence de chaux. Du gypse, indicateur de la présence de plâtre, est présent dans tous les échantillons sauf pour ceux qui sont des enduits ciment.

Cette étude confirme que des enduits à base de plâtre figurent parmi les plus anciens du site et qu’ils présentent une meilleure tenue que ceux utilisés sur certaines restaurations récentes.

La deuxième étude a été réalisée en 2020 par le CIRAM (Laboratoire d'analyse pour les objets d'art et le patrimoine culturel) à la demande de l'École nationale supérieure de paysage et de l'Architecte en chef des Monuments historiques pour avancer sur la voie de la datation physique de certains enduits et mortiers tout en identifiant les compositions. Après repérage par l’École nationale supérieure de paysage et l’ACMH des enduits et mortiers pressentis comme faisant partie des plus anciens, le CIRAM a prélevé douze échantillons, qui couvrent une période allant de la fin du 18e siècle au début du 20e siècle. Les enduits qui ont été analysés sont tous relativement anciens et tous sont constitué de plâtre.

Un des échantillons s’est révélé nettement plus ancien que les autres, c’est-à-dire, avant le milieu du 17e siècle. Les auteurs du CIRAM commentent ce résultat ainsi : « Comme nous datons des charbons de bois, ce résultat pourrait provenir d’un effet de vieux bois. La datation radiocarbone concerne la mort des cellules de bois du prélèvement. Ce prélèvement peut provenir du cœur ou de l’aubier de l’arbre. Entre la formation du cœur et celle de l’aubier, il peut y avoir plusieurs dizaines d’années de différence, voire plusieurs siècles ».

Utilisé dans les fours à plâtre, et même si des troncs ont pu être stockés un long moment ou si certains troncs provenaient d’arbres particulièrement âgés, le fait de retrouver des bouts de bois qui datent d’avant 1800 dans tous les échantillons indique la présence d’un plâtre relativement ancien sur le site. Il existe encore des enduits ayant pu être mis en œuvre à la fin du 18e siècle mais la majorité des enduits en plâtre qu’on retrouve sur le site ont été réalisés au cours du 19e siècle.

Pour ce qui concerne les compositions, dix enduits échantillonnés étaient au plâtre tandis que les deux échantillons de mortiers étaient à la chaux (entre 10 et 20 % de chaux hydraulique et 80 à 90 % d’agrégat de quartz).

Un élément notable est la présence de matériel organique qui n’est pas du bois dans quatre échantillons différents d’enduits. Est-ce qu’un ajout de chiffons ou de poils d’animaux était réalisé ? Auquel cas, pourquoi ?

Les murs concernés par les travaux

Les étapes du chantier

Installation

Avant l’installation du chantier, les jardiniers ont arraché et complètement dessouché les arbres. Pour le côté exposé au nord ce n’était pas difficile car les poiriers présents n’étaient pas en bonne santé. Toutefois, pour le côté exposé au sud, c’est avec une certaine émotion qu’il a fallu évacuer les pieds d’abricotier, de kaki, de kiwi et de nashi. La zone de travail et de stockage des matériaux du chantier a par ailleurs nécessité le déplacement de quelques pieds de figuiers.

À son arrivée, l’entreprise Chapelle, en charge du chantier, a dû mettre en place son propre dispositif de sécurisation du site et a procédé au démontage des étais en place ainsi qu’à la dépose du dispositif de palissage (pattes de fixation et consoles). Les jardiniers ont insisté pour que les sols au pied du mur soient correctement protégés des projections et déchets des travaux. Toutefois, ces protections n’ont pas eu la durabilité souhaitée.

Les travaux sur la partie effondrée

Sur la portion effondrée, l’entreprise a dû démonter les parties instables subsistantes à l’ouest et creuser les fondations tout en maintenant le soutien aux parties saines. Il n’y a pas eu de découvertes archéologiques particulières lors des creusements.

Les fondations ont ensuite été réalisées de façon traditionnelle avec la réutilisation des moellons trouvés sur place hourdés au mortier de chaux (hourder désigne le fait de réaliser une liaison grossière de matériaux avec un mortier). Côté sud, la présence d’une pierrée de drainage ancien qui semble en état de marche a permis d’éviter la réalisation d’un nouvel ouvrage de drainage latéral.

La portion effondrée a alors été remontée avec les moellons d’origine stockés à proximité. Pour ce faire, les moellons ont été décrottés, nettoyés et triés. La pose a été faite avec du mortier de chaux aérienne (calcique CL). Le chaperon et faitière ont été reconstruits à partir de tuiles plates réalisées d’une façon équivalente à l’existant du mur encore debout.

Les portes

Au niveau des deux portes, ou passages, les pierres d’encadrement ont été révisées : purge des anciens ragréages (ou réparations) et des joints dégradés, réalisation de nouveaux ragréages, rejointoiements. Les linteaux en béton ont été repiqués des parties instables et les armatures en fer corrodé ont été traitées. Pour la porte est, après examen, nettoyage et traitement, le linteau en chêne a été conservé.

Les travaux sur le mur conservé

Concernant la portion du mur conservé, l’entreprise a démonté l’enduit en place. Ensuite, elle a consolidé les maçonneries avec des remaillages ponctuels et une reprise des fissures et parements dégradés en utilisant de la chaux aérienne (calcique CL). L’injection d’un coulis de confortation avec accélérateur de carbonatation a permis de consolider les maçonneries et de combler les vides. Cette intervention a été particulièrement importante car la différence des enduits (chaux-plâtre et ciment) avait créé de nombreuses et conséquentes hernies invisibles. L’entreprise a soigneusement noté la localisation de l’absorption du coulis comme moyen d’identifier la présence de ces hernies. C’est un coulis composé de chaux aérienne « Tubag HSV-p » qui a été utilisé.

La restauration du chaperon en tuiles existant a été réalisé après un examen complet afin de détecter les éléments défectueux et instables. Ensuite, il a été procédé à la purge des mortiers décollés au droit des solins ainsi qu’à leur remplacement. Les tuiles déplacées ou mal fixées ont été remises en place au mortier de plâtre et chaux. Quelques tuiles ont été remplacées avec des tuiles identiques fournies par l’entreprise. Toutes les tuiles ont été nettoyées (grattage et brossage de surface).

Les enduits

Les parties hautes du mur ont été traitées en enduit « lisse ». Les parties basses ont été traitées en enduit à pierre vue. Cette différence de traitement limite la remontée de l’humidité par capillarité.

Pour les enduits des deux côtés nord et sud du M15, un plâtre Vieujot réalisé spécifiquement pour le chantier a été utilisé. Il contient différentes granulométries de charbon de bois et de grain de gypse ainsi qu’une couleur légèrement beige afin d’éviter un blanc trop puissant. Ce choix a été réalisé afin de se rapprocher le plus possible des enduits au plâtre d’origine. Quatre essais de nuances de couleurs ont été réalisés. Pour le renformi (ou première couche), la référence est MFD0 Blanc. Pour l’enduit de finition, la référence est BP 10898/5.

Une machine à projeter a été utilisée et la couche ensuite dressée (c’est-à-dire, retravaillée à la main). Des grains de gypse de 5mm à 1cm de diamètre ont été clairsemés à la main dans l’enduit frais encore tendre afin de le rendre moins uniforme et plus réaliste par rapport à un enduit ancien moins tamisé. Après la prise, l’enduit a été coupé « grossièrement » à la berthelée.

Les étapes de réalisation du renformis (ou première couche d’enduit) ont été :

  • piquage de quelques éléments résiduels ;
  • nettoyage du mur par brossage,
  • humidification ;
  • réalisation du jointoiement et du renformis épaisseur moyenne de 3 à 5 cm, parfois même de 10 cm s’apparentant parfois à un renforcement du mur par jointoiement plus qu’un renformis ;
  • réglage à la règle aluminium ;
  • finition et réglage de planéité à la taloche à clou permettant un état de surface rugueux pour l’accroche de la couche de finition.

Les étapes de réalisation de la couche de finition ont été :

  • brossage du renformis ;
  • humidification du renformis ;
  • réalisation de l’enduit de finition épaisseur 1 à 2 cm ;
  • réglage à la règle aluminium ;
  • projection manuelle des grains de gypse dans l’enduit frais ;
  • lissage au platoir inox ; en début de prise, coupage à la truelle et à la berthelée ;
  • nettoyage des carreaux de terre cuite du couronnement ;
  • nettoyage du soubassement.

Les fixations en fer

Pour la remise en place des pattes de fixation des fils de palis et des consoles (ou potences hautes), un plan de répartition a été réalisé. La grande majorité des pattes de fixation qui étaient présentes sur le mur avant la restauration étaient du type industriel de la fin du 19e siècle ou du milieu du 20e siècle. Les jardiniers du Potager du Roi ont puisé dans leur stock de pattes forgées dites « queues de cochon » pour les remplacer. Pour pouvoir mieux protéger les enduits en plâtre, des consoles ont été mises en place pour les deux expositions.

Les soubassements

Plusieurs essais de couleurs ont été réalisés pour les rejointoiements du soubassement. Une couleur rose à rougeâtre, qui correspond aux soubassements anciens, a été choisie. Cette couleur est obtenue par le mélange d’oxyde de fer au mortier de chaux.

Les entreprises du chantier

Deux entreprises ont participé.

La société Chapelle est intervenue sur le gros œuvre. Cette entreprise réalise des travaux réguliers d’entretien pour le château de Versailles et pour le Sénat, à Paris. L’entreprise présente de nombreuses références dans la région parisienne pour la réhabilitation de bâtiments anciens et la restauration de monuments historiques. Créée en 1889 à Paris, elle s’est installée rue Sainte Adélaïde à Versailles avant la fin du 19e siècle. Elle y est toujours et possède un atelier de taille de pierre à Buc, une commune voisine. Pour son directeur, Patrick Josselin, « restaurer des monuments historiques nécessite que les compagnons acquièrent une sensibilité propre à cette activité et s’approprient les techniques nécessaires. Cette appropriation ne peut s’obtenir que par de longues années de pratique ». Chapelle a intégré le groupe versaillais Léon Grosse en 1959. Elle emploie une soixantaine de collaborateurs et exerce également une part importante de son activité en tant qu’entreprise générale sur des chantiers de constructions neuves, de voiries et réseaux divers.

Les Ateliers du paysage, société spécialisée dans la restauration du patrimoine bâti avec du plâtre, est intervenue sur les enduits. Créée par Philippe Bertone en 2003 et installée dans le département des Alpes de Haute Provence, cette entreprise a restauré un grand nombre d’éléments en plâtre et en chaux de monuments historiques. Elle intervient sur des chantiers et propose également des études et des formations sur tout le territoire français. Les Ateliers du paysage fait partie des formateurs agréés par le ministère de la Culture pour les ouvrages en plâtre. Dans le cadre du chantier au Potager du Roi, les maçons-ouvriers viennent de l’est parisien. Ils ont été formés par Philippe Bertone sur d’autres murs à palisser en plâtre, en particulier à Montreuil (93). Philippe Bertone, à propos du nom de son entreprise : « L’élément architectural constitue certes l’expression de la propriété privée mais, comme il est donné à voir dans un paysage global, sa perception visuelle en fait le patrimoine de tous. Il s’agit donc, pour nous, de replacer la construction dans son contexte paysager, par sa restauration en utilisant les matériaux et les techniques originels qui l’ont constitué ».

Les travaux continuent...

Aujourd’hui, le M15 ayant été restauré, l’équipe des jardiniers peut commencer une nouvelle étape, qui concerne le processus de remise en vie des sols. Un apport conséquent de matière organique ligneuse et un minimum de deux ans de successions de couverts végétaux seront nécessaires avant de pouvoir planter les arbres fruitiers. Ce temps et ces cultures permettront au sol de correctement recréer sa structure aérobique et fertile (perméable à l’air, mais aussi à l’eau) après le tassement des travaux.

Le plan de cultures prévoit des changements dans les plantations à venir pour prendre en compte le contexte de changement climatique et l’évolution des itinéraires techniques du site. Sur le côté exposé au nord, dans le jardin Du Breuil, des espaliers de poiriers et de pruniers seront cultivés. Sur le côté exposé au sud, dans le jardin Legendre, une diversité d’espèces est prévue (abricots, kaki, nashi, …).

Au travers ce chantier, le travail commencé va au-delà de la simple restauration d’un mur pour lui permettre de retrouver sa fonction de support de production. Un travail de formation et d’expérimentation a notamment été initié, main dans la main, entre jardiniers, maçons, experts du patrimoine. Il s’agit par ailleurs du premier mur à palisser du Potager du Roi qui a pu être remonté avec un enduit en plâtre depuis un siècle. Est-ce que la bonne formulation de plâtre a été choisie en termes de durabilité et d’évolution de la couleur ? Est-ce que l’inévitable présence de calcaire dans les sols n’est pas trop importante par rapport aux cultures prévues ? Est-ce que la remise en place des consoles (ou potences hautes) pour y placer des planches en bois sera suffisamment efficace pour protéger l’enduit et aura un effet bénéfique sur les plantes situées en dessous ?

Conserver et restaurer nos patrimoines est un effort constant de compréhension et une recherche permanente d’efficacité dans un contexte donné. Avec le travail réalisé pour restaurer le M15, de nouvelles connaissances ont été acquises, de nouvelles questions ont été soulevées et l’envie d’aller de l’avant n’en est que plus forte.

À la création du jardin entre 1678 et 1683, ce mur en constituait la clôture de l’extrémité sud-est. La façade exposée au nord était couverte d’espaliers, probablement des azéroliers (Crataegus azarolus) et des poiriers, et l’ajout du « clos aux asperges » à partir de 1698-1699, a permis au côté exposé au sud d’être lui aussi planté avec des arbres fruitiers.

À la fin du XVIIIe siècle, au moment de la création du Parc Balbi (autour de 1785-86), les archives indiquent que ce mur a été entièrement reconstruit. C’est le moment où le mur séparant le 10e et le 11e des Onze a été éliminé pour créer un seul jardin plus important, appelé aujourd’hui le 5e des Onze. Il est probable que le mur d’origine était fourré à double parement, c’est-à-dire que l’intérieur du mur est rempli de pierres montées avec soin fixées entre-elles à l’aide d’un mortier à base de sable jaune ou de terre. La présence en ré-emploi d’un pied cassé de banc sculpté utilisé en tant que pierre traversante, liant les deux parements témoigne de la date de reconstruction étant donné que la sculpture en relief est dans un état remarquable de conservation. La pierre sera extraite lors des travaux et sera exposé ultérieurement.

La forme du mur est légèrement pyramidale, c’est-à-dire que le mur est plus large à sa base qu’à son sommet. Si le mortier pour les ¾ de la hauteur du mur est à la chaux, pour sa dernière partie, sous la faîtière de tuiles plates, il est composé de plâtre.

Pour sa part, la dernière restauration de la faîtière date de la fin du XIXe siècle, comme en témoigne des graffitis d’ouvriers sur le côté nord-ouest. L’enduit côté sud est au plâtre ou au plâtre et à la chaux et pourrait dater de la restauration de la faîtière. L’enduit côté nord est en ciment fin et pourrait dater d’avant ou de juste après la guerre de 1939-1945.

À la fin du XVIIIe siècle, lors de la reconstruction de ce mur, la Terrasse qui le borde à l’est et la rampe de sortie par la Grille des Bourdonnais, n’existaient pas encore. C’est entre 1820 et 1840 que ces nouveaux aménagements ont été réalisés. Du côté est, une partie du bas du mur a été recouverte de terre et de fait, le mur de clôture est devenu un mur de soutènement. Sa structure en revanche n’était pas adaptée à ce fait à cause notamment de la pression latérale exercée par la rétention de la terre côté sud (sans renforcement conséquent du côté nord) et le contact direct avec l’humidité retenu par le sol. Ajouté à cela, la différence d’enduits de chaque côté et un entretien déficient de la faîtière ont conduit à l’effondrement d’une portion de ce mur en octobre 2013.

En 2014, grâce à l’intervention d’un chantier d’insertion, l’espace a été sécurisé, et un projet de reconstruction a été initié. Le chantier a été arrêté en 2015 par manque de financement.

En 2021, dans le cadre de la reprise de la reconstruction et de la restauration de ce mur, il a été proposé qu’une partie des fondations soient réalisées en pierres sèches pour garantir que l’eau en provenance des sources et des parties hautes au sud puisse traverser le mur. Ainsi l’eau pourrait rejoindre, tout au moins partiellement, le ru canalisé du quartier Saint Louis. Ce ru pénètre le Potager du Roi dans le coin sud-est du jardin et longe le mur (M19) jusqu’au 2e des Onze, où il s’oriente vers le sud et termine sa course dans la pièce d’eau du Parc Balbi.

 

Le mur qui sépare le Grand Carré, au nord des Onze jardins et au sud, peut sembler simplement posé sur cette terrasse. En fait, comme en témoigne des fouilles ainsi que les pierres visibles dans les voûtes, le mur descend dans la terrasse peut-être jusqu’au niveau des jardins de chaque côté. C’est la conséquence et le témoignage du bouleversement qui a créé le site. Si à partir des terrasses, les jardins semblent creusés, ce sont en fait les terrasses qui ont été surélevées. Et il est toujours utile de rappeler, que même le niveau des jardins « creusés » est bien au-dessus du niveau du sol avant les grands travaux de déblais de la pièce d’eau des Suisses et de remblais du site du Potager du Roi.

À la construction du côté nord, orienté vers le Grand Carré, le mur se présente comme quatre pans percés par des passages relativement étroits, de la dimension d’une porte. Il est possible que ces passages aient été fermés par des portes en bois. Du côté sud, les murs de refend des Onze jardins traversent la terrasse et viennent s’appuyer contre le mur. Ce qui signifie que l’espace de la terrasse correspond à chaque fois au jardin en bas de la terrasse ; c’est une sorte de balcon ou loge au-dessus du jardin. Pour passer d’une loge – jardin à l’autre, les visiteurs passent par un passage relativement étroit. De nouveau, ces passages ont pu, à certains moments, être fermés par des portes en bois.

À partir du milieu du XVIIIe siècle, certains plans ne représentent plus ces murs qui prolongent les jardins en-dessous, les archives n’ont pas encore confirmé la date de ces modifications.

Au plus tard, en 1785-1786, la terrasse, dite « Sud » est dégagée de ces murs de refend, et le visiteur peut alors l’apprécier sur toute sa longueur sans interruption.

Entre 1820 et 1840, sous la conduite de Placide Massey, directeur du Potager du Roi (1819-1848), deux passages sont murés et le mur de quatre pans devient un mur à deux pans. Les passages restants sont alors élargis. Le couronnement en dalles de pierre donne son origine à l’architecte Charles-Auguste Questel et date du Second Empire. Ce n’est finalement qu’à partir des années 1860, que le mur présente l’étendue et la forme que nous connaissons aujourd’hui.

Comme le mur entre les jardins 5e des Onze et Duhamel du Monceau, il est à deux parements. En revanche, il existe un certain nombre de différences notables :

  • il est moins pyramidal et si la partie directement sous la couverture en pierre plate est réalisée avec un mortier de plâtre, la quantité est relativement réduite ;
  • le matériel de remplissage n’a pas la même provenance : les pierres sont plus conséquentes, le mortier est plus souple et le sable rougeâtre ; des bouts de briques d’un rouge très foncé ont été utilisés pour réparer le mur et, régulièrement, pour boucher les trous de boulin ;
  • tandis qu’aujourd’hui les échafaudages sont indépendants du mur ou alors « spités » au mur par le biais de tiges filetées, par le passé il fallait aménager une ouverture dans le parement pour pouvoir y glisser une traverse ou petite poutre en bois et ainsi prendre appui ;
  • la présence de trous de boulin n’avait pas encore été identifiée dans les murs à palisser du Potager ; la datation des briques elles-mêmes serait encore à évaluer ;
  • les enduits des deux pans sont différents, que ce soit du côté nord et du côté sud ; il y a des parties en ciment, en plâtre et, peut-être, en plâtre-chaux.

Nous émettons l’hypothèse qu’une raison majeure de l’affaissement de ce mur se trouve dans le fait qu’au XXe siècle, les soubassements du mur – la partie à la jonction avec le niveau de sol de la terrasse – ont été largement rejointés et, pour des grandes longueurs, entièrement enduits en ciment. L’humidité capillaire a donc pu remonter au cœur du mur. Il faut ensuite y ajouter une certaine porosité du couronnement en pierres plates pour que la formation d’hernie ou le décollement des deux parements deviennent inévitables.

Finalement, les ouvriers de l’entreprise Chapelle ont signalé la présence de pièces de bois à l’intérieur du mur. Pour autant, dès lors que l’intérieur du mur restait sec, ce n’était pas un danger supplémentaire. En revanche avec la présence de l’humidité, le pourrissement du bois a pu ainsi créer des fragilités.

La diversité des interventions et des matériaux témoigne du travail régulier effectué. Or cette régularité n’est pas positive si elle ne prend pas en compte le besoin d’une cohérence des réalisations pour atteindre une solidité et une durabilité notable.