Projets thèses : Négocier l'agriculture de l'archipel du Grand Paris
Enquête prospective sur l'urbanisme agro-écologique et ses co-bénéfices par le projet de paysage
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Résumé
Face aux enjeux actuels d’aménagement des métropoles liés au changement climatique et à la dégradation des ressources naturelles, les politiques publiques, notamment françaises, sont appelées à renouveler profondément les relations entre l’urbain et l’agricole. Toutefois, le Grand Paris, à l’instar d’autres métropoles, peine à engager des relocalisations alimentaires conduisant à des recompositions spatiales entre ses composantes urbaines, agricoles, naturelles et forestières. Dans ce contexte, cette recherche doctorale porte une réflexion prospective sur le rôle des enclaves agricoles de la métropole parisienne, qui constituent un archipel d’îles nourricières au sein de la Ceinture verte.
Elle vise à répondre à deux enjeux : éclairer en quoi le projet agro-paysager à partir des enclaves peut constituer un outil moteur de reterritorialisation et de résilience des territoires urbains et préciser les apports des concepteurs, notamment paysagistes, dans ces processus de projet.
Cette recherche par le projet prend appui sur les capacités situées du projet de paysage pour articuler des enjeux alimentaires, agricoles, urbains et environnementaux. Neuf terrains contrastés, en situation d’enclavement agricole, ont été analysés dans le cadre d’un partenariat avec Île-de-France Nature, un acteur clé de la politique régionale et de la Ceinture verte. Cette enquête identifiant des typologies d’enjeux, de jeux d’acteurs, ainsi que des dynamiques paysagères et projectuelles à l’œuvre conduit à une démarche prospective engagée sur le site des Coteaux de Nézant et du Mont de Veine pour spatialiser des scénarios d’évolution à l’échelle d’une enclave agricole. Cette démarche a testé et évalué des outils pour concevoir collectivement un projet de territoire nourricier, multifonctionnel et durable.
Cette recherche entend outiller les concepteurs, décideurs, agriculteurs et citoyens pour aborder de façon systémique les projets urbains de relocalisation agricole. La démarche prospective débouche sur une méthode collaborative de scénarios de transition territorialisés, ainsi que sur des outils et méthodes pour un urbanisme agro-écologique. Elle conclut en montrant en quoi l’agriculture négociée, issue d’une nouvelle répartition des rôles et des usages des sols, conduit à des co-bénéfices territoriaux, à partir de l’archipel des enclaves vu comme un réseau de lieux-ressources communs. Cette démarche aborde ainsi l'alimentation comme une question territoriale essentielle traitant de l'interdépendance entre l'urbain, ses ressources et ses paysages.