Projets politique des publics : L’art du paysage - observer, comprendre et penser son environnement
Résidence territoriale artistique et culturelle en milieu scolaire
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Un engagement auprès des publics scolaires
Le projet L’art du paysage – observer, comprendre et penser son environnement porté par l’École nationale supérieure de paysage est une première pour la Drac Île-de-France, dont le programme porte habituellement sur des disciplines plus classiques (spectacle vivant, patrimoine bâti et musées). Sa particularité consiste en sa volonté de révéler chez le jeune public le « réflexe du paysage », ou une capacité à poser un regard critique sur son environnement.
Le projet prend la forme d'une résidence qui se construit en partenariat avec un établissement scolaire pilote, et rayonne sur plusieurs établissements scolaires associés. Son objectif est de sensibiliser les élèves à leur environnement, au paysage dans lequel ils évoluent. Avec les intervenants mobilisés par l’École nationale supérieure de paysage, ils découvrent aussi bien le métier de paysagiste concepteur que la démarche d’intervention sur le territoire, quelle que soit son échelle. Afin d’enrichir la démarche de compréhension du paysage portée par des intervenants paysagistes, les élèves suivent un parcours culturel sur le territoire et divers ateliers pour ouvrir la définition du paysage à d’autres disciplines : photographie, arts graphiques, histoire des arts et botanique.
Quatre établissements de Versailles Grand Parc ont répondu présents et ont tenu à s’associer à l’École nationale supérieure de paysage. Les créations faites dans le cadre de cette résidence seront présentées au sein des établissements concernés, afin de toucher les classes n’ayant pas participé au projet. Elles seront ensuite présentées au grand public, à l’École nationale supérieure de paysage, lors de l’évènement national porté chaque année par le ministère de la Culture, « Rendez-vous aux jardins », qui pendra place au Potager du Roi le premier weekend de juin 2023.
L’établissement pilote
L’établissement pilote est le Lycée des Métiers Jean Moulin (Le Chesnay-Rocquencourt). Les spécificités de ses enseignements l’ont conduit à sélectionner le projet présenté par l’École de paysage et co-construit avec les équipes enseignantes.
Selon Stéphane Bosco, chef d’établissement :
« Dans le cadre du nouveau projet d’établissement (2022-2025), le lycée Jean Moulin souhaite inscrire le parcours culturel au cœur de sa stratégie aussi bien pour favoriser la réussite de ses élèves, que pour nourrir le dispositif pédagogique au sein de l’établissement. Le projet culturel fonctionnant comme une sorte d’incubateur. Raison pour laquelle la résidence apparaît comme le format adéquat.
Dans l’environnement du lycée professionnel, la culture peut paraître un élément secondaire. Pourtant, c’est bien là que réside l’une des dimensions essentielles du travail qui doit permettre aux élèves de sortir d’eux-mêmes et du déterminisme dans lequel ils s’inscrivent trop souvent. Le lycée veut être un moteur de cette dynamique.
Créer cette dynamique autour de la présence d’un créateur ou d’une créatrice (ou plusieurs) va permettre aux élèves, par des échanges, des collaborations, des questionnements, de s’approprier cette dimension essentielle à la compréhension de leur environnement qu’est le paysage. »
L’intervenante principale et le projet proposé
Diplômée de l’École nationale supérieure de paysage en 2019, Emma Morillon est aujourd’hui paysagiste conceptrice en freelance après avoir été chargée de mission au sein de la chaire Terres et paysages de l’École et commissaire de l’exposition Projet(s) terre(s) présentée lors de la 2e édition de la Biennale d’architecture de paysage d’Île-de-France.
L’objectif principal de sa démarche auprès des élèves du lycée Jean Moulin est de leur offrir un « pas de côté » en les sortant du cadre habituel de leurs formations et de les initier aux pratiques du paysagiste à partir de concepts simples, facilement assimilables.
L’atelier est construit tel un cheminement, notion constituant le fil rouge de la résidence, pour emmener les élèves d’un point A à un point B.
La première étape est d’ouvrir le regard des élèves, en les invitant à observer leur environnement et à porter un regard sur ce qu’ils voient lors de sorties immersives. La lecture du paysage peut se faire à plusieurs échelles, de la feuille d’un arbre à la compréhension du relief, en 2D par l’expression plastique et le dessin et en 3D par la place du corps dans l’espace. Cette lecture prend appui sur différents thèmes : la couleur, le cadrage ou encore la marche. Ces thèmes peuvent évoluer et faire écho aux pratiques professionnelles étudiées au lycée (prendre soin d’un paysage, l’énergie, le bois, etc.).
La deuxième étape est d’amener les élèves à construire collectivement une œuvre temporaire, qui peut trouver sa place dans les espaces extérieurs du lycée, et de la présenter lors d’une restitution festive au sein de l’établissement.
Pour permettre aux élèves une réelle immersion et de trouver un sens à cet atelier, les interventions d’Emma Morillon sont pensées dans la durée, de l’automne 2022 au printemps 2023. Le changement de saison pendant cette période permettra aux élèves d’observer leur environnement familier changer et de saisir ces transformations. Les ateliers seront rythmés par l’intervention ponctuelle d’Éric Facon, photographe, avec qui ils travailleront sur le cadrage et la distance par rapport au sujet et les changements visibles sur les lieux de prises de vues au fil du temps.
Des visites hors-les-murs sont organisées dans divers (mi)lieux de Versailles et du Chesnay, dont une sortie au Potager du Roi.
Actions menées dans les établissements associés
Trois collèges sont impliqués dans cette résidence selon des parcours adaptés à leurs programmes pédagogiques.
Le collège Jean-Baptiste de La Quintinye (Noisy-le-Roi) a mis en pour ses élèves de 4e en Section d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA) un atelier de création d’herbiers des arbres présents dans leur établissement. Pierre-Hadrien Poulouin, médiateur culturel, accompagne les collégiens dans les étapes de création de ces objets à la fois scientifiques et artistiques, en les initiant à l’histoire de l’art et des jardins. Ils sont rejoints par des élèves de CAP agricole « jardinier-paysagiste » pour concevoir et créer un aménagement en partenariat avec la commune de Bailly, encadrés par Margaux Fouquet et Titouan Lampe, paysagistes-concepteurs, diplômés de l’École nationale supérieure de paysage. Une initiation au paysage est également proposée à une classe de 5e générale.
Le collège Saint-Exupéry (Vélizy-Villacoublay) a choisi de toucher un grand nombre de ses élèves, en proposant à tous les collégiens de 3ème une initiation à la photographie dans le paysage, au Potager du Roi. En parallèle, une classe de 5e visite plusieurs jardins historiques, témoins des rapports entre les hommes et la nature et de leur évolution à travers les siècles. Enfin, une classe de 6ème réalise une visite littéraire du Potager suivie d’un atelier d’écriture avec Christine Beigel, auteure.
Le collège René Descartes (Fontenay-le-Fleury) a engagé deux de ses classes. Une classe de 6e SEGPA réalise un herbier botanique et artistique des arbres de leur collège, tandis que les élèves de 5e SEGPA participent à la mise en culture d’un potager.