Publications Article : Jeudi 26 novembre 2020

Carnet de bord du Potager

Retrouvez l'actualité du jardin commentée par Antoine Jacobsohn.

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Avec les restrictions sur les sorties des personnes, les questions concernant les commerces essentiels et non-essentiels, l'application du télétravail pour autant que possible, l'accès du public au Potager du Roi a dû être fermé. Les ventes de produits frais le samedi matin ont toutefois été maintenues, en extérieur, tout comme l'approvisionnement et l'accueil de l'association le Comptoir du Potager le mardi en fin de journée.

Si le mois d'octobre 2020 a été dans les normes récentes pour en ce qui concerne la pluviométrie et les températures à Versailles, le mois de novembre semble plus sec et présente des écarts de températures plus marqués. Toutefois le mois n'est pas encore terminé et la relative absence de pluie a permis de travailler dans des bonnes conditions.

Sous notre climat, après l'accélération du rythme générale du vivant au printemps et sa vigueur ininterrompue pendant l'été et le début d'automne, nous arrivons au moment où la pression quotidienne sur les jardiniers se relâche un tant soit peu. Ce n'est absolument pas une baisse de la quantité de travail à accomplir chaque jour, mais l'ordre des priorités et l'heure exacte de réalisation (par exemple, le fait de penser à l'arrosage et à l'heure de cueillette) ne présentent plus le même caractère impérieux.

A voir dans le jardin

Les petites merveilles qui longent le côté nord du haut mur de la terrasse La Quintinie.

À l'extrémité est, il y a l'enchevêtrement heureux du lierre panaché vert et crème (Hedera helix), du jasmin d'hiver avec ses fleurs jaunes et ses tiges vertes (Jasminum nudiflorum) et du pyracantha avec ses gros corymbes de petits fruits rouges-orangés (Pyracantha coccineus).

Un peu plus loin, en attendant des gelées plus fortes, il y a les fleurs tubulaires d'un camaïeu de rouge sur les longues branches sarmenteuses du fuschia royal, et surtout les baies allongées, comestibles, presque noir brillant, avec un goût de myrtilles poivrée (Fuchsia regii). La restauration de ce mur doit commencer entre cet hiver et le printemps. Les nouvelles plantations devront pousser pendant plusieurs années avant de retrouver un foisonnement comparable.

Sur un des piliers de ce même mur, on trouve une plaque émaillée : « Carré des Lenormand ». Au début du 20e siècle, l'École nationale d'horticulture a donné des noms d'horticulteurs et de jardiniers célèbres à chacun des jardins qui constituent le Potager du Roi.

Dans ce cas c'est un hommage aux trois générations et quatre « Lenormand » qui ont été directeurs du site entre 1691 et 1782 :  François, suivi de ses deux fils, François II et Louis, et ensuite de son petit-fils, Jacques-Louis.

Ce pilier est en mauvais état et penche. Après restauration du pilier, la plaque retrouvera sa place.

Et un peu plus loin, sur le pilier derrière la statue de La Quintinie, vous pouvez découvrir une plaque en marbre avec l'inscription suivante : « Le 20 novembre 1885, a été installé dans l'École nationale d'horticulture de Versailles, l'Observatoire météorologique, fondé dans cette ville en 1846 par MM. Haeghens, Lacroix et le docteur Berigny, sous les auspices de la Société des sciences naturelles et médicales de Seine et Oise. » Aujourd'hui connue sous le nom de l'Association des naturalistes des Yvelines (ANY), une très grande partie des collections de cette « société » sont hébergées sur le site et les collaborations fructueuses continuent !

Du côté nord de la terrasse Sud, de l'autre côté du Grand Carré, la toiture de la Chapelle Royale du château de Versailles est de nouveau visible. Depuis 2017, elle était recouverte d'une bâche, pour protéger les travaux de restauration.

Travaux en cours

L’équipe maraîchage du Grand Carré continue les récoltes : les betteraves, les carottes, les céleri-rave, les navets, les panais, les poireaux… Les jardiniers cherchent l’équilibre entre la meilleure conservation en silo ou en terre et les besoins de renouvellement des planches de culture. Car, sous les abris et les voiles, les semis de claytones, d’épinards, de laitues, de mesclun sont en cours ou en préparation. Ailleurs dans le jardin, les choux continuent de pousser.

L'arrêt physiologique des arbres n'est pas encore complet et la taille d'hiver (en sec) ne peut pas encore commencer. En revanche, c'est un moment opportun pour apporter de la nourriture pour le sol et pour les arbres. L'équipe des cultures fruitières utilise un engrais organique appelé Orga 3, agréé pour l'agriculture biologique et formulé en France par la société française Frayssinet. Son effet est progressif et de longue durée. Les minéraux sont libérés peu à peu en fonction de l'activité des organismes dans le sol, qu'ils contribuent à nourrir. C'est une moyenne de 100 grammes par m² qui est mélangé avec du terreau et répandu sous les arbres. C'est un travail conséquent.

Les travaux au jardin Duhamel du Monceau continuent. Romain Bocquet, paysagiste et enseignant, a fait un recensement et un plan précis, avec emprise au sol de tous les arbustes du Fruticetum. Les objectifs sur cette collection sont à la fois de donner plus de place à certains sujets afin de pouvoir mieux les observer dans le cadre d'enseignements, ainsi que d'améliorer l'expérience de visite des visiteurs et passionnés. Certains sujets moins intéressants seront retirés après consultation d'enseignants et de membres de l'association des Arbusticulteurs. Dans le cadre d'un chantier organisé du 19 au 22 octobre et du 17 au 19 novembre avec des étudiants de l'école, les arbustes sélectionnés ont été rabattus avant d'être arrachés à l'aide d'une mini pelle.