Publications Article : Mercredi 15 juillet 2020

Carnet de bord du Potager

Retrouvez l'actualité du jardin commentée par Antoine Jacobsohn.

Publié le

Difficile de parcourir le Potager du Roi aujourd’hui sans avoir l’eau à la bouche ! Toutefois, il est nécessaire de rappeler que la cueillette est interdite

À admirer

Au Jardin Lelieur, côté Ouest, ainsi qu’au Jardin du Breuil, certains pêchers sont chargés de fruits. D'autres sont néanmoins très sensibles à une maladie dite « la cloque du pêcher » (un champignon portant le nom de Taphrina deformans) dont le développement peut conduire à la mort de l’arbre. En 2006 et 2007, lorsqu’il s'est agi de replanter ce mur récemment restauré, c’était surtout la diversité des formes, des fruits ainsi qu’une chronologie historique qui avaient servi de base à la sélection des variétés. Suite à l’arrêt des traitements, certains pêchers ont plus souffert que d’autres et sont morts.

D’autres ont montré leur résilience et particulièrement leur tolérance à la cloque. Par exemple, la "Roussane de Monein", une pêche à chair jaune originaire du bourg de Monein, dans le Béarn. Une autre variété qui semble bien se comporter cette année, c’est la "Grosse noire de Montreuil" (dont les synonymes peuvent être "Galande" ou parfois "Bellegarde"). Cette variété du terroir de Montreuil dans l’Est parisien est souvent citée comme parmi les meilleures du 19e siècle. La surprise, c’est que les mêmes textes indiquent qu’elle est sensible à la cloque et à d’autres maladies. Les jardiniers ont trouvé les bonnes conduites en termes de formes fruitières et les bons soins au pied.

Au Jardin du Breuil, la ligne de poiriers "Jules d’Airoles" est particulièrement prometteuse. Cette poire belge de la première moitié du 19e siècle est réputée fondante mais, au Potager du Roi, ses arômes et son goût semblent être à leur apogée alors que la chair est encore légèrement croquante. Il faudra attendre fin août et septembre pour les goûter.

Pour manger une poire "là, tout de suite", cet été, il faudra venir au marché du samedi matin. Parmi les variétés hâtives, le "Petit muscat" (dit aussi "Sept en gueule") a déjà été récolté et vendu. Selon les conditions météorologiques, les prochaines variétés sur l'étal pourraient être la "Blanquette" et ensuite la "Pérou d’argent". Les premières poires d’été sont généralement petites, à peau fine et verte. Elles sont rafraîchissantes, légères, florales. Vous pouvez les voir dans la collection de variétés du 4e des Onze.

Au Jardin Noisette, vous pouvez observer les deux grands cordons verticaux de cerisiers-griottiers "de la Toussaint", variété connue tout au moins depuis le milieu du 18e siècle. La floraison est étalée dans le temps et la récolte ne commence que mi- à fin juillet et peu s’étendre parfois jusqu’au début de l’automne. Les fruits sont juteux mais petits. La chair est acidulée mais relativement douce. Outre la saison tardive, ce qui différencie ces griottes des autres c’est le fait que les fruits pendent en grappes au bout de longs pédoncules.

Levons les yeux et profitons de la vue du Château et de la cathédrale Saint-Louis sur un fond bleu, avec l’odeur flottante des herbes aromatiques provoquée par la chaleur du soleil et, en arrière-fond sonore, le bruit de l’eau dans le bassin central du Grand carré.

Travaux en cours

Nous cherchons des solutions aux dégâts des oiseaux, et surtout ceux des étourneaux et des perruches à collier. Les étourneaux se sont servis, avec leurs becs effilés, dans la première floraison de figues. Mais la plus grande difficulté à résoudre est celle des perruches à collier qui viennent en grandes bandes manger nos pommes... avant même qu’elles ne soient mûres. Sur les fruits à terre, et même encore sur les arbres, il est facile de repérer les traces triangulaires des coups de leurs larges becs.

Le temps toujours sec ne favorise ni le grossissement, ni la récolte des pommes de terre. Par contre, ce temps donne des pommes de terre savoureuses et sans difficulté de conservation ! Si vous observez des lignes en parties détruites ou des trous, dîtes-vous que ce n’est pas nécessairement le prélèvement d’un ravageur, mais peut-être la récolte … des humains.

Au Jardin du Breuil, le tas de compost au pied (à l’ouest) de la luzernière devrait avoir diminué ou même disparu d’ici deux semaines. Il aura été utilisé pour « terreauter » le pied des arbres fruitiers. Les jardiniers binent au pied des arbres pour aérer le sol, détruire les galeries des campagnols ainsi que les plantes adventices. Ils apportent de la nourriture organique et recouvrent le sol « nu » avec ce compost. Ce « terreautage » (qui se rapproche d’un paillage) permet de rompre le phénomène de capillarité (et donc d’évaporation de l’eau dans le sol) et d'empêcher la lumière de faire germer les graines de surface. Si le compost a été bien fait, c’est-à-dire avec plusieurs brassages et une montée en température jusqu’à 69 °C, il n’y a plus de graines viables, ou capables de germer, présentes.

Sur le site historique de l’Ecole nationale supérieure de paysage, il n’y a pas que les jardiniers (et les étudiants en stage) qui travaillent. Les couvreurs profitent de ce temps sec (et souffrent aussi de la chaleur) pour faire des réparations sur nos toitures. Ici, ce sont les ardoises et les « chiens couchés » du bâtiment de la Figuerie qui sont en travaux.