Publications Article : Jour 22 - La Folie de Chartres, actuel Parc Monceau, Paris
Un jour, un jardin
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La Folie de Chartres, aménagée en bordure de Courcelles, a été l’un des jardins les plus réputés et à la mode du Paris prérévolutionnaire. Commandée en 1773 par Louis-Philippe d’Orléans, duc de Chartres (1747-1793), à Louis Carrogis dit Carmontelle (1717-1806), elle est réalisée à partir d’un jardin au tracé régulier d’environ un hectare, dessiné par l’architecte Louis-Marie Collignon autour de 1769.
Suivant les désirs du duc, qui souhaite agrandir le domaine et le transformer en un « jardin nouveau », c’est-à-dire conçu selon la mode venue d’Angleterre, Carmontelle dessine une composition d’environ 10 hectares qui s’inspire, sans pour autant se borner à l’« imitation servile », de celles d’outre-Manche. Comme il l’explique dans un ouvrage qu’il publie l’année de l’achèvement du chantier, en 1779, sa démarche vise à reprendre l’un des éléments les plus critiqués des jardins anglais — la multiplication des scènes et ambiances — pour en faire un point fort du projet. Sorte de « pays d’illusions » aux portes de Paris, la Folie de Chartres réunit « tous les temps et tous les lieux » à l’intérieur du même enclos. Empruntant des sentiers sinueux, les visiteurs peuvent admirer un moulin à vent hollandais, une tente tartare, une vigne italienne, des tombeaux égyptiens, un jeu de bagues chinois, un château en ruines, etc.
Dans les années 1780, le domaine est à nouveau agrandi : sa surface est presque doublée et le mur des Fermiers Généraux vient fermer son côté nord. Confié aux soins du jardinier écossais Thomas Blaikie (1751-1838), qui a déjà travaillé à Bagatelle avec l’architecte Bélanger, le jardin est en partie remodelé et devient un lieu réputé pour ses collections de plantes rares cultivées dans de grandes serres chaudes.
Devenue bien national sous la Révolution, la Folie de Chartres est initialement entretenue aux frais de la République, qui en vote la conservation au même titre que d’autres jardins ayant appartenu à la famille royale. Mais, à partir de 1796, après en avoir décidé l’aliénation, le Directoire la loue à des entrepreneurs de fêtes, dont les activités dégradent de façon importante les fabriques et les plantations.