Publications Article : Jour 24 - Villa d’Este, Tivoli, Italie

Un jour, un jardin

L'École nationale supérieure de paysage propose une promenade virtuelle dans les principales créations hortésiennes de France et d'ailleurs, à la découverte d’un jardin ou d’un concepteur qui ont marqué l’art des jardins et de la composition paysagère.

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Conçue par l’architecte et antiquaire Pirro Ligorio (1513-1583) pour le cardinal Hippolyte II d’Este (1509-1572), la Villa d’Este constitue un modèle de référence incontournable pour l’histoire des jardins. Cela tient, d’un côté, à la personnalité de son créateur, et de l’autre, à l’originalité de la composition qui conjugue les références à l’Antiquité avec un vocabulaire formel et des techniques innovantes.

Issu de l’une des plus anciennes dynasties italiennes, conseiller de François I, puis de Henri II, protecteur des arts et grand collectionneur, le richissime Hippolyte II est l’un des ecclésiastiques les plus influents de l’Europe de l’époque. Ayant échoué par cinq fois à l’élection à la chaire de Saint-Pierre, il décide de créer à Tivoli, petite ville à une trentaine de kilomètres de Rome dont il a été nommé gouverneur en 1550, une villa somptueuse, pouvant rivaliser avec les palais papaux et les villas de l’Antiquité, comme celle de l’empereur Hadrien dont les restes sont visibles de la terrasse de sa nouvelle résidence.

Commence ainsi un monumental chantier s’étalant sur une vingtaine d’années et qui s’arrête, inachevé, à la mort du cardinal. Le jardin, qui s’ouvre en belvédère sur la campagne tiburtine, est réalisé sur un terrain en pente d’environ 200 mètres de large et 200 de long, métamorphosé par d’importants travaux de terrassement. Un imposant réseau hydraulique, alimenté par le fleuve Aniene – détourné via un canal souterrain – amène l’eau à une profusion d’installations produisant toute sorte d’effets : fontaines, nymphées, orgues hydrauliques, bassins, jets, cascades, chaines d’eaux et canaux.

Parmi celles-ci, l’une des plus spectaculaires est la « Grande Allée » (Vialone) – appelée aujourd’hui Cent Fontaines – une composition réalisée en contrebas d’une terrasse sur le modèle de fontaines publiques de la Rome antique, décorée par presque 300 bouches d’eau disposées sur trois étages. Longeant l’axe transversal qui lie deux des principales fontaines du jardin, l’Ovato et la Rometta, les Cent Fontaines jouent un rôle central à la fois dans le programme iconographique du jardin et dans la structure technique de l’ensemble.