Publications Article : Jour 34 - Palais Farnèse, Caprarola, Italie
Un jour, un jardin
Publié le
Pour l’originalité de sa composition, le palais Farnèse à Caprarola constitue un cas unique dans l’histoire des jardins italiens de la fin de la Renaissance.
En 1556, le cardinal Alexandre Farnèse « le jeune » demande à l’architecte Jacopo Barozzi da Vignola (1507-1573) de transformer en luxueuse villa une forteresse inachevée, réalisée autour de 1530 par son grand-père, le pape Paul III Farnèse. Conçue par l’architecte Antonio da San Gallo « le jeune » (1484-1546), celle-ci avait été bâtie à mi-pente d’une colline boisée surplombant le bourg médiéval de Caprarola, centre politique du grand fief de famille s’étendant au nord-ouest de Rome.
Tout en conservant sa forme pentagonale, Vignole repense les relations de la forteresse avec le paysage environnant. Du côté de la ville, il conçoit un axe perspectif qui, partant de la façade sud-est descend la ligne de crête et coupe en deux le bourg jusqu’à une terrasse naturelle s’ouvrant sur le panorama des monts Cimins. Du côté de la colline, en revanche, il aménage deux jardins carrés, décorés de parterres et disposés en éventail afin d’entretenir un lien direct avec les façades nord et ouest. Les murs de soutènement et d’enceinte, qui encadrent les jardins, accueillent des nymphées et des grottes animées d’effets hydrauliques de toutes sortes.
À partir de 1578, le cardinal décide de faire réaménager un petit pavillon placé au milieu d’un bois de châtaigniers et de sapins, à l’ouest du palais, en contre-haut de la colline. Confiée à l’architecte Giacomo del Duca (1520-1604), élève de Michel-Ange, la petite retraite est entourée d’un jardin articulé en quatre terrasses, dont deux reliées par une chaîne d’eau monumentale ornée de dauphins sculptés dans du pépérin. Interrompus à la mort d’Alexandre Farnèse, les travaux sont complétés dans les années 1620 par son arrière-petit-fils, le cardinal Édouard Farnèse (1573-1626). L’architecte Girolamo Rainaldi (1570-1655), épaulé par le sculpteur Pietro Bernin (1562-1629), père du Bernin, conçoit alors le dessin des deux dernières terrasses – agrémentées de fontaines, chaînes d’eau et d’un « jardin des fleurs » – qui font le lien entre le pavillon et la réserve de chasse.
Considérée comme l’une des plus belles villas autour de Rome déjà au XVIe siècle, la résidence farnésienne de Caprarola est devenue rapidement, pour artistes et voyageurs, l’une des destinations incontournables de la campagne romaine. Montaigne, Hubert Robert, Charles Percier et Pierre Fontaine, parmi tant d’autres, en ont laissé des descriptions et des représentations.