Publications Article : Jour 39 - Jardin de la Ménara et de l’Agdâl, Marrakech, Maroc

Un jour, un jardin

L'École nationale supérieure de paysage propose une promenade virtuelle dans les principales créations hortésiennes de France et d'ailleurs, à la découverte d’un jardin ou d’un concepteur qui ont marqué l’art des jardins et de la composition paysagère.

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Entre les murs de Marrakech, au sud de la Médina deux immenses jardins clos (plus de 400 ha) accompagnent la ville depuis le XIIe siècle. Dans la riche typologie des jardins orientaux, les jardins de l’Agdâl et de la Ménara sont des jardins royaux – buhayra ou agdâl – à la fois vergers productifs et lieux d’agrément en lisière de la ville dense. Ils datent de l’époque de la dynastie Almohade (1130-1269) dont le style se répandra jusqu’au sud de l’Espagne (Séville, Grenade…). La distribution de l’eau dessine le plan : de grands bassins carrés surélevés (3 ha pour la Ménara) occupent le centre d’un damier de vergers plantés d’oliviers, d’orangers, de grenadiers et de dattiers… A l’époque de leur splendeur, on y trouve aussi des céréales, des cultures maraîchères, des herbes médicinales et des fleurs. L’eau, indissociable de tout jardin oriental, est acheminée par des khettaras (ensemble de galeries souterraines drainant les nappes phréatiques des environs de la ville et des oueds). Les bassins sont des réserves pour la ville et l’irrigation.

Agdâl et Ménara sont entièrement réhabilités et replantés au XIXe siècle par les sultans Moulay Adderrahmane (1822-1859), et Sidi Muhammad V (1859-1873). Le pavillon actuel de la Ménara date de cette époque. Aujourd’hui les deux jardins, toujours exploités pour leurs fruits, restent des lieux de promenade prisés des marrakchis, et un témoignage exceptionnel d’un art des jardins associant admirablement intelligence technique et beauté ; un fragile Eden aux portes du désert.

Référence bibliographique : Jardins de Marrakech, Mohammed El Faïz, éditions Actes Sud, juin 2000.