Publications Article : Jour 40 - Jardin du palais ducal d’Urbino, Italie
Un jour, un jardin
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Le jardin suspendu du palais ducal d’Urbino est l’un des témoignages les plus éclairants de la transition entre le jardin de simples de tradition médiévale et le jardin d’agrément – lieu des délices à finalité politique – qui se développe dans l’Italie de la première Renaissance (XVe siècle).
Réalisé autour de 1476, probablement à partir d’un projet du peintre et ingénieur Francesco di Giorgio Martini (1439-1502), ce petit espace est en effet clos par des murs et organisé en parterres quadrangulaires – comme les cloîtres – et ouvert sur la campagne par de grandes fenêtres, percées sur le seul côté non occupé par des bâtiments.
Les plantations des parterres étaient légèrement surélevées par rapport au plan des allées, alors que les murs de clôture disparaissaient derrière le lierre et le jasmin. Cette configuration – reprise quelques années plus tard par l’architecte Bernardo Rossellino pour le palais papal de Pienza (1459-1463) – donnait ainsi au jardin un statut incertain. Il apparaissait à la fois comme une pièce intérieure du château et un belvédère ouvert sur les terres du duché de Frédéric III de Montefeltro (1422-1482), dominées par des collines verdoyantes s’étendant jusqu’à la mer. De plus, un corridor réalisé sur le mur et unissant les appartements du duc et de la duchesse (aujourd’hui disparu), permettait de sublimer cette expérience par une immersion totale dans le paysage.
Cette structure particulière, qui fait du projet de Francesco di Giorgio le premier jardin suspendu de la Renaissance italienne, n’est pas, toutefois, son seul élément d’intérêt. Planté sur dalle, dirait-on aujourd’hui, le jardin jouait non seulement un rôle esthétique, mais également technique. Sous son assiette, en effet, courait un système de canaux de décharge destiné à capter l’eau de pluie qui assurait l’alimentation en eau du palais. Le jardin du Palais ducal d’Urbino fait ainsi état de l’évolution des techniques de gestion de l’eau, l’une des avancées scientifiques majeures de la Renaissance, non seulement en ce qui concerne la décoration des jardins, mais également l’aménagement du territoire.