Publications Article : Jour 43 - Jardins botaniques royaux de Kew, Grande-Bretagne

Un jour, un jardin

L'École nationale supérieure de paysage propose une promenade virtuelle dans les principales créations hortésiennes de France et d'ailleurs, à la découverte d’un jardin ou d’un concepteur qui ont marqué l’art des jardins et de la composition paysagère.

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Les jardins de Kew, aux portes de Londres, représentent depuis le XVIIIe siècle une référence incontournable pour les sciences botaniques.

En 1757, la princesse Auguste de Galles commande à l’architecte William Chambers (1723-1796) la création d’un jardin dans le domaine royal de Kew, où quelques années auparavant était intervenu l’architecte William Kent (1658-1748). Fils de commerçants anglais transférés en Suède, Chambers a une culture cosmopolite. Féru de voyages et d’architecture, il a fréquenté l’École des arts de Jacques-François Blondel (1705-1774), a traversé une partie de l’Europe et séjourné plusieurs mois en Chine, à Canton, entre 1743 et 1748. Ces voyages ont eu un rôle fondamental pour sa formation ainsi que pour la définition de sa démarche de conception.

Suivant les préceptes des jardins chinois, Chambers articule le site – composé d’un lac aux contours irréguliers encadré par de grandes prairies – autour d’une variété de scènes soigneusement aménagées pour créer un effet de surprise. Puisant dans ses nombreuses références architecturales, il conçoit une vingtaine de fabriques, dont plusieurs temples, une volière, une ménagerie, une mosquée, un bâtiment d’inspiration mauresque (appelé l’Alhambra) et surtout une grande pagode octogonale de presque 50 mètres de haut. Avec ses 80 dragons qui rythment les 10 étages et son toit doré, elle s’affiche encore aujourd’hui comme l’un des exemples les plus remarquables de l’influence croissante, dans l’art des jardins, de la mode des « chinoiseries ».

Si toutes ces réalisations marquent les esprits et font l’objet de descriptions et représentations – à partir du volume que le même Chambers publie en 1763 – la vocation principale des jardins de Kew est toutefois l’étude des plantes. Dès la création, en effet, le domaine est doté d’un jardin botanique où, sous la direction de William Aiton (1731-1793), est exposée une importante collection. Au fil des années cette activité se développe aux dépens du jardin d’agrément et transforme Kew en une sorte de synthèse de la richesse botanique de l’Empire. Les fabriques de Chambers sont progressivement démantelées pour faire place à des structures techniques de plus en plus performantes à la fois du point de vue des matériaux, que des systèmes de chauffage. C’est le cas, par exemple, de la Palm House ou de la Temperate House, monumentales serres réalisées à l’époque victorienne par l’architecte Decimus Burton (1800-1881) et l’ingénieur Richard Turner (Palm House).