Publications Article : Jour 48 - Jardin botanique de Padoue, Italie

Un jour, un jardin

L'École nationale supérieure de paysage propose une promenade virtuelle dans les principales créations hortésiennes de France et d'ailleurs, à la découverte d’un jardin ou d’un concepteur qui ont marqué l’art des jardins et de la composition paysagère.

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L’« Horto medicinale » de Padoue, en Vénétie, est le plus ancien jardin botanique du monde et depuis presque cinq siècles l’un des lieux les plus prestigieux pour l’étude des plantes et des sciences qui en découlent (médecine, chimie, pharmacie, écologie).  

Créé en 1545 sous la direction du médecin et botaniste François Bonafede (1474-1558), à qui le sénat de Venise avait confié la chaire de « Lecture Semplicium » (lecture des « simples ») à l’Université de Padoue, le jardin est destiné à aider les apprentis médecins à reconnaitre les plantes médicinales (c’est-à-dire les « simples ») par leur pratique directe. En effet, les textes de botanique grecs ou latins, ou les échantillons séchés disponibles auprès des pharmacies – supports sur lesquels s’étaient fondés jusqu’alors les cours – s’étaient avérés fort insuffisants à développer auprès des étudiants une connaissance satisfaisante.

Tirant profit de l’important réseau commercial de la République de Venise, le jardin commence bientôt à accueillir un grand nombre d’exemplaires provenant des pays de la Méditerranée orientale. Au fil du temps, les collections s’enrichissent progressivement, jusqu’à attendre 16 000 plantes – entre herbacées, arbustes et arbres – au XIXe siècle. Parmi celles-ci des plantes qui se répandront ensuite avec succès dans le reste de l’Europe, comme le café, décrit pour la première fois à Padoue à la fin du XVIe siècle, la pomme de terre, l’agave et le lilas.

Le dessin d’origine est encore celui que nous pouvons observer aujourd’hui : quatre parterres de forme carrée, disposés autour de deux allées perpendiculaires et fermées par un mur circulaire percé par quatre portes, en correspondance des quatre points cardinaux. Conçue par l’homme de lettres Daniel Barbaro (1514-1570), le professeur de médecine Pierre da Noale et l’architecte Andrea Moroni, cette composition correspond à la double finalité du jardin, la culture des plantes (compartiments de forme géométrique) et leur exposition à des fins scientifiques (le cercle est la forme du théâtre).

Très réputé, fréquenté par les scientifiques de toute l’Europe, au fil des siècles le jardin botanique de Padoue s’agrandit considérablement, jusqu’à s’étendre bien au-delà de sa clôture circulaire. Des serres, une salle pour les cours (le Théâtre de botanique), une bibliothèque, des archives, un herbarium viennent compléter l’établissement entre les XIXe et le XXe siècles. Classé au titre du Patrimoine mondial de l’Humanité en 1997, depuis 2014 le jardin s’est enrichi d’un nouvel établissement, le Jardin de la Biodiversité. Grâce à des techniques innovantes, cette grande serre aux formes contemporaines accueille 1300 plantes des climats tropical, subhumide, aride et tempéré.