Projets travaux des chaires : S'accrocher au fond du Penly

Développement du site électronucléaire, poste de Navarre

Dans le cadre de l'extension de la centrale de Penly en Normandie, RTE, en charge de l'implantation d'un nouveau poste électrique aux abords de la centrale, a souhaité réfléchir à la qualité de son insertion paysagère.

Publié le

Contexte

Pour la Chaire Paysage et énergie, l'insertion d'un nouveau poste électrique aux abords de la centrale de Penly en Normandie est la porte d'entrée pour aborder la question du paysage, tant au regard d'un projet de paysage désirable qu'à celui du processus de définition d'un tel projet. Bien plus que de considérer le poste de Navarre comme un objet isolé, il s'agit de proposer une analyse contextuelle et une approche par le territoire et son paysage pour construire ce projet et s'inscrire dans les grands projets énergétiques dynamiques de Penly à l'horizon 2035.

Projet

La proposition vient se confronter à la problématique de la démarche de projet au sein de procédures sectorisées et déjà engagées. Elle conduit à s'interroger sur la place du paysagiste dans ces projets énergétiques d'urgence nationale. Quelle marge de manœuvre lui reste-t-il à une étape tardive du projet ? Comment embarquer les acteurs et leur donner envie d'accorder une place au paysage et au territoire dans un projet déjà très avancé ?

Une multitude de programmes et de procédures rythme en effet le projet d'agrandissement de la centrale avec différents acteurs (EDF, RTE, ENGIE). Trois grands projets se démarquent :

  • le projet éolien en mer qui se raccorde sur le poste de la Grande-Sole ;
  • les deux réacteur EPR2 par EDF ;
  • la construction du poste de Navarre, poste de transformation de l'énergie électrique produite par les réacteurs, et de distribution de cette énergie et de celle des éoliennes en mer.

S'accrocher au fond du Penly

La centrale se situe dans la valleuse du fond de Penly. Par leur formation géologique et leur position d'interface entre plateau agraire et façade maritime, les valleuses sont des transects rattachant une diversité de paysages. De l'estran, espace en mouvement entre cordon de galets et platiers rocheux, au plateau maillé par des haies bocagères et de grands espaces ouverts, de nombreux types de paysages prennent place, avec chacun une pluralité d'espèces faunistiques et floristiques qui le caractérise. Cette diversité joue avec nos sens et crée des ambiances avec la couleur de la lumière s'agrippant aux plis de la plaine, les textures rappeuses de la craie contrastant avec la rondeur d'un galet, ou encore l'odeur sucrée des champs de colza s'opposant au sel des embruns marins. La valleuse a un rôle d'accroche entre ces paysages, elle est une porte d'entrée ponctuelle sur la mer attachant les paysages rectilignes du plateau à ceux plus souples et déchirés de la façade maritime.

C'est en avançant que de nouveaux éléments du projet énergétique ont nourri progressivement le dessin de paysage, apportant des opportunités mais également des contraintes, et levant progressivement des inconnues. Certaines persistent aujourd'hui mais l'esprit du projet demeure, et il peut être décliné et enrichi.

Une ouverture

Le projet, qui s'est patiemment modelé, montre que l'accompagnement d'un projet énergétique par un paysagiste est déterminant pour son insertion paysagère. Dès la programmation, avant les premières négociations foncières et jusqu'à la réalisation complète, la démarche de paysage est garante d'un projet d'ensemble et permet d'éviter un cache-misère planté pour effacer des installations, qualifiées par leurs propres développeurs de « moches », dans le paysage.

Sullivan Doublet, paysagiste concepteur, chargé de mission à la Chaire Paysage et énergie, accompagné par Catherine Farelle, paysagiste urbaniste, a ainsi réalisé pour RTE un travail de mise en cohérence de trois programmes d'extension de la centrale pour s'attacher aux enjeux du territoire local et à ses acteurs.

En images

Télécharger