François-Xavier Delbouis est arrivé comme saisonnier au printemps 2008 avec comme mission principale la révision des engins du Service Potager. Lorsque ce travail a été accompli dans un temps bien moindre qu’initialement prévu, il a participé aux travaux de jardinage de l’équipe « ornemental », ainsi qu’à la vente des produits à l’accueil-boutique du site. Un contrat permanent lui a été rapidement proposé. Après s’être investi dans la transformation de certains espaces en paysages comestibles en 2013 et dans l’arboriculture fruitière à partir de 2015, François-Xavier Delbouis est devenu, en septembre 2017, adjoint au responsable du Potager du Roi – en charge de la production et de la transformation. Il a transformé l’organisation pour aller plus loin en agroécologie et pour améliorer l’ergonomie des postes de travail. En 2019, il est devenu l’enseignant principal des cours d’arboriculture fruitière de la Formation continue. En février 2020, François-Xavier Delbouis a été nommé Jardinier en chef du Potager du Roi.

Propos recueillis par Antoine Jacobsohn, février 2023.

Quel est ton premier souvenir du Potager du Roi ?

[Rires] Je n’ai pas trouvé l’entrée ! C’est toujours une difficulté avec ce long mur de la rue du Maréchal Joffre. J’avais entendu parler du site par Jérôme Meynard, qui était jardinier au Potager et qui était un ami de Lycée [l’Agrocampus de Saint Germain en Laye ; Jérôme Meynard est aujourd’hui directeur de l’exploitation du Lycée agricole de Niort]. C’est lui qui m’avait dit qu’il y avait un poste de saisonnier pour un mécanicien. Je n’avais pas de formation de jardinier. Je me souviens que j’ai aussi réparé les rampes d’arrosage oscillants de Christine [Dufour, responsable des cultures légumières].

Mon premier souvenir marquant, c’est Jaco [Jacques Bruant, responsable des cultures ornementales qui est parti à la retraite en 2010]. Il m’avait demandé de désherber dans le Grand Carré, les buis, coté allée extérieure, du carré 13. Mais j’ai aussi désherbé le côté intérieur, le côté vers les poiriers et, là, Jaco est arrivé et m’a dit : « Non, c’est à l’équipe arbo de le faire ». C’était chacun chez soi. J’ai commencé par mettre mes pieds dans le plat de l’organisation générale.

Pourquoi es-tu devenu jardinier ?

Tous les métiers que j’ai voulu faire ont toujours été dehors. La mécanique agricole, ça se fait dehors. En fait, c’est par hasard. Je suis devenu jardinier parce que le lieu ici m’a plu. Je suis devenu jardinier dans ce lieu.

Est-ce que tu as un endroit préféré dans le jardin ?

Oui, c’est le jardin Legendre parce qu’il possède cet équilibre entre les formes classiques, les systèmes qui favorisent la biodiversité, le renouvellement par le recépage, les bandes fleuries… C’est un jardin avec une structure et avec des couleurs.

Est-ce qu’il y a un geste de jardinier ou un outil que tu préfères aux autres ?

Oui, c’est le râteau maraîcher. C’est un outil qui paraît évident mais que très peu de personnes savent utiliser. Le sécateur c’est tout de suite technique, tandis que le râteau est à la fois généraliste et spécifique. L’utiliser efficacement prend un vrai savoir-faire et permet toute une série de résultats.

Comme toujours, tes réponses sont courtes et directes. Je m’y étais préparé et donc j’ai une question supplémentaire pour toi. Le Potager du Roi n’est pas un jardin comme d’autres jardins publics ouverts à la visite. C’est sûrement en partie parce que c’est un lieu de production de fruits et de légumes.

On a sûrement un rapport à la nourriture un peu différent par rapport aux jardiniers qui exercent dans la plupart des jardins publics. Je parle de la nourriture au sens large qui inclut la connaissance de la provenance, c’est-à-dire, à la fois où mais aussi comment. Je connais le travail nécessaire pour avoir de bons produits. Je sais comment nous en faisons.

Comme beaucoup d’autres personnes, je n’accorde pas assez de temps à la cuisine. Je fais plutôt des choses simples. Je fais attention à conserver les qualités des légumes. C’est peut-être pour ça que j’aime bien les mini-légumes. C’est joli, mais surtout c’est tendre et facile à préparer et manger. Il n’y a quasiment pas de préparation pour manger les mescluns de Manu [Emmanuel Blot] et ils sont super bons. J’ai tendance à manger des mini-légumes l’été et des gros légumes de garde l’hiver. C’est pareil pour, par exemple, les poires. Les petites poires de l’été sont comme des bonbons, craquantes et juteuses. On les mange comme ça, sans préparation. Les poires d’hiver sont grosses et fondantes. Il faut les affiner.

Comme autre élément de différence par rapport à d’autres jardins, je pense aussi à la tradition des repas jardiniers. Le principal était le repas de fin de taille. On le perd un peu - il y a eu le départ des anciens et là, récemment, la Covid - un peu comme le fait qu’on se sert moins souvent les mains entre collègues et on ne se fait plus la bise. Mais ici, au Potager du Roi, ces repas font le lien aux cycles de production, aux cycles des saisons. C’est le côté agricole.

Au Potager du Roi, j’ai l’impression d’être dans un espace très particulier : ce n’est ni la ville, ni la campagne, mais c’est entre la ville et la campagne. C’est aussi quelque chose qu’on transmet dans la formation des paysagistes : ce site, qui est à la frontière d’autres types d’espaces et dont les techniques participent à tous.

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