Projets chantier du siècle : Jardin Duhamel du Monceau

Un jardin singulier d'un riche potentiel

Grâce à une opération de mécénat, le projet d'évolution du jardin Duhamel du Monceau a pu démarrer au printemps 2019 à l'initiative du Département Écologie en lien avec l'équipe des jardiniers. Les travaux s'achèvent en 2023 : ils ont concerné l'extension du pré-verger, l'installation d'une nouvelle Noiseraie, ainsi que la valorisation du Fruticetum créé en 1954.

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Le projet

Situé au sud/sud-ouest du Potager du Roi et de la bande dite des Onze, le lieu-dit Duhamel du Monceau est un jardin singulier d'un riche potentiel.

Rattaché au Potager du Roi en 1699 sous le nom de Clos de perches puis Clos aux asperges, ce jardin est prédestiné à l'accueil d'une aspergeraie. Il a par la suite, dès la fin du 18e siècle, une vocation pédagogique, qui perdure de nos jours. Si ce jardin n'a pas existé dès l'origine du Potager sous La Quintinie, il est aujourd'hui indissociable de l'ensemble. Sur une surface de 1,2 hectare, il offre un espace beaucoup plus généreux que celui des jardins entourant le Grand Carré et cette amplitude a été dans son histoire l'occasion d'accueillir une diversité de parcelles à vocations très variées. Aujourd'hui, le Duhamel du Monceau regroupe un Fruticetum, un pré-verger, la Rocaille, des pépinières, des fruitiers, ainsi que différentes formes de jardinage, dont notamment d'écoles du quartier.

L'École nationale supérieure de paysage a pour projet de modifier et de rendre plus lisible l'organisation du jardin Duhamel du Monceau. Le pré-verger a déjà été étendu pour permettre une production plus conséquente de fruits à jus pour la vente et d'autres changements accompagnent ou sont la conséquence de cette extension. L'espace enherbé, plus généreux, est destiné à accueillir un troupeau de brebis. La clôture de cette pâture est marquée par une haie basse "plessée" en cours de formation. La "pépinière" de la Rocaille a été déplacée en vis-à -vis de cette dernière. Une Noiseraie viendra accompagner la lisière du parc du Balbi. Enfin, le Fruticetum sera reconsidéré en adéquation avec les objectifs pédagogiques de l'établissement.

Histoire du jardin

L'origine de l'actuel jardin Duhamel du Monceau est peu connue. L'ouvrage de Jules Nanot et Charles Deloncle, Histoire et description de l'École nationale d'horticulture de Versailles : guide à l'usage des candidats, fait cependant mention de certaines indications datées aux 18e et 19e siècles.

En 1710, une clôture partielle du Clos aux asperges est réalisée avec les pierres de démolition de certains murs de la Melonnière et du Jardin Biais. En 1767, un projet de construction du couvent de la Reine sur l'emplacement du Champ aux asperges menace le jardin mais celui-ci est finalement écarté. C'est en 1799 que le Clos aux asperges connaît sa première transformation : Antoine Richard, botaniste et jardinier de chef, est chargé de créer une pépinière nationale d'arbres fruitiers dans le Clos aux asperges et les Onze. Cette pépinière ne dure que seize ans, au terme duquel elle est arrachée. Il faut attendre 1875 pour que ce jardin retrouve de sa superbe avec Auguste Hardy, directeur de l'École nationale d'horticulture (ENHÉcole nationale d'horticulture), qui affirme la vocation botanique de l'ancien Clos aux asperges. Dès lors, le jardin est partagé entre une collection de fleurs, une de légumes et une école de botanique présentant 1900 espèces végétales, plantes cultivées et « végétaux sauvages ». En 1889, 950 espèces ligneuses y sont recensées.

L'Arboretum

En 1924 est créé un arboretum par M. Pinel alors directeur de l'ENHÉcole nationale d'horticulture. En 1972, Yves Dupont fait état d'un arboretum manquant d'intérêt esthétique et difficilement appréhendable par les élèves néophytes dans la connaissance des plantes en raison de la densité d'espèces et de variétés s'y trouvant. Un projet de requalification est envisagé mais il sera finalement abandonné.

Face à la fragilité du peuplement, au manque de fréquentation et à l'ombrage important généré par les houppiers, un nouveau projet vise peu de temps avant la tempête de 1999 l'abattage de l'arboretum. Celle-ci a finalement raison de la collection. Un appel à projets sous forme d'exercice pédagogique à destination des étudiants de l'École nationale supérieure de paysage est lancé en 2002 pour la création d'une collection de fruitiers comestibles disposés selon une trame de verger de plein vent. Un an plus tard, une lisière arbustive et herbacée adossée au mur sud de séparation avec l'impasse Jules Ferry ainsi qu'une haie régulière expérimentale (banquette) marquant la séparation entre le jardin attaché au pavillon et le reste du Duhamel viennent accompagner ce pré-verger.

Le Fruticetum

Dans les années 1950, une autre création voit le jour à l'est du jardin Duhamel du Monceau, le Fruticetum, à l'initiative de M. Bossard, professeur de la chaire de culture ornementale de l'ENSHÉcole nationale supérieure d'horticulture. Ce jardin, établi dans un intérêt pédagogique, présente également une collection d'arbustes, à floraison et feuillage, ornementaux. Délimité par deux allées orientées nord-sud, la collection est répartie régulièrement en 27 planches parallèles orientées est-ouest. Mais le rapprochement des planches rend rapidement la lecture de l'ensemble peu aisée et le Fruticetum devient difficilement exploitable pour la pédagogie de l'ENSHÉcole nationale supérieure d'horticulture.

En 1972, il est envisagé une structure plus aérée par la suppression de certaines lignes mais ce projet n'a pas de suite. C'est en novembre 1999, à l'initiative du Département Écologie de l'École nationale supérieure de paysage, qu'une véritable rénovation du Fruticetum est amorcée. La collection est inventoriée et les planches sont conservées même si certains individus sont ponctuellement arrachés, déplacés, reformés ou restructurés selon différents critères : état sanitaire, vigueur, emplacement, concurrence vis-à-vis des individus voisins, simplification de l'entretien, intérêt de l'arbuste.

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